JEM Normandie 2014 : focus « Les coulisses de l’exploit »
Un sol irréprochable
L’entreprise n’était pas simple : les équipes de Pierre Toubin et Francis Clément ont monté et entretenu durant les quinze jour neuf pistes, carrières et paddocks confondus, avant de les démonter. Elles ont transporté et manipulé près de 6 000 tonnes de sable Pro Sol spécifique pour le Haut Niveau. Celui-là même qui fut créé en 1992 et mis en place pour les Championnats du Monde de Jerez. Mêlant micro-sable et fibres de polyester, il possède de grandes qualités de souplesse et fermeté, un fort pouvoir d’amortissement et de rebond.
• Stade d’Ornano
Le grand stade d’Ornano, ainsi que son « Paddock des dix minutes » qui le jouxtait, et le couloir d’accès à la piste demanda le plus grand travail. Avant que le sol Toubin Clément ne soit posé, il fallut protéger la pelouse du stade de foot. 1 000 m2 de plaques rigides ont été installées pour éviter que les camions de chantier ne l’abiment. Une sous-couche a ensuite été étalée, faisant entièrement disparaître le gazon. A l’intérieur de cette sous-couche, une nouvelle couche a été ajoutée, autour de laquelle des lices ont été installées. Puis vinrent le techniciens de chez T&C. 4 000 tonnes de Pro-Sol furent nécessaires, pour une superficie de 7 140 m2 de piste, 6 500 m2 de paddock et 1 000 m2 de rampe d’accès. Pour l’entretien de cet ensemble, équipes de jour et de nuit se sont relayées, onze personnes officiant de jour, quatre le soir jusque tard dans la nuit. Trois tracteurs, herses et quads ont œuvré sans discontinuer.
• Hippodrome de la Prairie
La piste de para dressage de l’hippodrome de la Prairie nécessita 650 tonnes de sable, pour une piste de 3 200 m2. Il faut rajouter à cela le gué de l’attelage. L’ensemble fut entretenu par une équipe de deux techniciens.
• Le Zénith
La piste et le paddock du Zénith, où se déroulèrent les épreuves de voltige, demandèrent 510 tonnes de sable, pour une piste de 600 m2 et trois paddocks, pour un total de 1 200 m2. Deux personnes furent affectées au maintien des pistes le temps des compétitions.
• Haras du Pin
Quant à la carrière de dressage du Haut Bois du Haras du Pin, la seule qui est définitive, une personne resta le temps des épreuves de dressage du complet. La nouvelle piste, de 7 200 m2, demanda 1 475 tonnes de sable. Cette nouvelle piste, et le parcours de cross préservé devrait donner au haras du Pin les moyens de son ambition de grand lieu de complet.
Paris ne s’est pas fait en un jour…
C’est en 2013 qu’au Nord de Paris fut montée une piste d’essai. Un an avant la piste du stade d’Ornano pour le Test Event de juin 2014. Dès le mois d’avril 2014, puis en mai et juin, les produits étaient livrés à proximité des sites de compétition. De nombreuses réunions de chantiers eurent lieu avant l’échéance du mois de juin. Lors du Test Event, les pluies d’orage se sont invitées, prouvant à tous la bonne tenue du sol, que soulignèrent les cavaliers. « C’est un stade vraiment fantastique et le côté sportif est de première classe » a commenté le directeur du dressage à la FEI, M. Trond Asmyr.
Dès la cérémonie de clôture terminée, ce fut un autre challenge de rendre le terrain à sa configuration d’origine (pelouse de football) au Stade d’Ornano de Caen en seulement quelques jours… 2 000 tonnes de Pro-Sol ont été utilisées pour la réfection de quelques pistes. Il reste quelque 4 000 tonnes, entreposées près de Caen, en vente à bas coût puisqu’il a déjà servi, qui pourraient intéresser des organisateurs ou propriétaires. Avis aux amateurs… Ce ne sont pas n’importe quels chevaux qui ont foulé ce sable…
Ce fut intense !
S’il est vrai que cette aventure fut vécue par les équipes de Toubin Clément vingt heures sur vingt-quatre pendant près de vingt jours, Francis Clément ne s’y arrête pas. « Nous sommes rôdés. Le plus difficile était l’extrême nécessité de la surveillance météo, pour chaque site, pour bien préparer les pistes. L’éloignement des différents terrains a demandé une véritable logistique. Surtout la première semaine, puisque se tenaient du lundi au vendredi, en même temps, le para dressage à Caen (Hippodrome), le dressage à Caen (stade d’Ornano), et les jeudi et vendredi, le dressage du complet au Pin.
Une vibration
Ces Jeux ? Francis Clément, cavalier de concours complet, préfère parler sport. Il a connu avec Pierre Toubin, dans le cadre de leur activité commune, championnats du Monde, d’Europe, et Jeux Equestres. Ce qu’il n’a jamais vécu avant le stade d’Ornano, c’est la proximité extraordinaire du public avec les couples cavaliers/chevaux : « A Jerez il y avait autour une piste d’athlétisme, donc nous étions beaucoup plus éloignés des cavaliers. Aix la Chapelle est moins ramassé, le stade est gigantesque. Ici, le public était sur la piste ! La taille et le confinement du stade d’Ornano donnaient des vibrations extraordinaires, et ajoutez à cela un public survolté, durant des heures, toujours fair-play, ce furent des moments uniques. »
Son plus beau moment
La deuxième place de Mickaël Jung en complet. « Si je pense « Flash » je pense bien sûr à l’arrivée de Patrice Delaveau lors de la deuxième manche du samedi à Ornano. Pour beaucoup d’entre nous c’est le champion du monde. La finale à quatre c’est un combat de pilotes… Mais ce qui m’a marqué, c’est la performance en complet de Mickaël Jung. Privé de Sam quinze jours avant les Jeux, et confronté aux autres cavaliers qui sont tous là avec leur cheval de tête, il est deuxième sur le podium avec Fischerrocan ! Cet homme a un mental de titan ! »
Lors du Test Event au stade d’Ornano, Francis Clément s’était exprimé : « Ce que je veux, c’est que ce soit irréprochable. Je ne veux pas que ce soit bon. Je veux que ce soit irréprochable. » Ce le fut.
Quelles sont les spécificités du sol de la piste du Stade d’Ornano ?
Toutes les pistes que nous faisons en provisoire, comme celle des Jeux, doivent être immédiatement performantes. Nous n’utilisons donc pas exactement les mêmes matériaux que pour des pistes définitives. L’autre spécificité n’est pas due au sol, mais à la spécificité du lieu. Dans le stade, une partie est à l’ombre et l’autre au soleil, et cela varie dans une même journée. C’est une question de gestion de l’évaporation, parce qu’on ne sait pas exactement comment ça va réagir. Ces épreuves préparatoires nous permettent d’avoir déjà une meilleure idée de ce que nous devons faire. L’autre spécificité, directement liée aux championnats du monde, est le nombre de partants, sur la même épreuve, sur une journée.
Quelle est l’épaisseur de sable ?
La couche finale est de 18 cm. Ce sol de surface est un mélange de sable et de micro-sable enrichis en fibres, dans lequel nous ajoutons du polyester, à base de géotextile que l’on sélectionne, parce que son grammage et sa nature sont très importants pour ce type de mélange. En dessous, nous avons une couche de stabilisation avec du sable gris, qui fait entre 20 et 25 cm. Et encore dessous, nous avons mis un géotextile très épais pour protéger la pelouse. C’est une membrane imputrescible, quasiment indéchirable.
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