La Parenthèse attendue

Dix jours ont réuni éleveurs amateurs et professionnels pour une semaine de l’élevage 2017 mouvementée, entre orages et brumes d’automne. C’est une rhétorique bien huilée par les équipes et bénévoles de la Société hippique française, particulièrement cette année où les milliers de futurs jeunes cracks ont pu s’affronter sur des terrains qu’il a fallu ménager. Bravo l’équipe. Il y eut la joie des vainqueurs et les déceptions cruelles des autres, lorsque le fruit d’une année de formation, de coûts, d’espoirs se solde par le bruit d’une barre au sol. Bernard Lecourtois isolé dans un coin du Grand Parquet attend nerveux la finale des 5 ans. Après la victoire de Catchar Mail il a la victoire modeste, soulignant le talent de son cavalier, François-Xavier Boudant. Venu de l’autre bout de l’hexagone, Maître Charlot, malgré un 3 ans bien vendu aux Fences et les résultats de son élevage, lance cette formule : « En fait cette année je vais seulement équilibrer les comptes ». Car la filière va mal malgré la joie de se retrouver entre éleveurs. Les paris hippiques poussent France Galop à fermer le porte-monnaie. La chaîne Equidia n’émettra plus en décembre. C’est un choc. Toute la filière s’interroge sur demain. Alors qu’aux ventes Fences les Top Prices se succèdent, le Grand Parquet bruisse des accents des étrangers venus faire leur marché. Mais sous les tentes blanches l’avenir inquiète toujours. Masqué par les rires un peu forts, les apéros des célébrations, persiste le sentiment qu’il y a de moins en moins de monde, que La Grand Semaine a un peu perdu son âme en se vendant sur Internet, même si la nécessité économique est là.  N’importe. Dimanche soir, que les flots et plaques dorment ou pas au front des camions qui s’égrènent aux sorties, une autre réalité reprend ses droits : la bombe corréenne, la Loi travail, le visage d’une petite fille de 9 ans disparue. Car la Grande Semaine, malgré tout, c’est cette parenthèse loin du monde, où des fous de chevaux se sont retrouvés. Avant une nouvelle année de travail éreintant, d’espoirs et de joies. A l’année prochaine.  La statue de Dollar à l’entrée du Grand Parquet retombe dans sa solitude figée.  C. Robert

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14/09/2017

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