Stud-book SF - Pascal Cadiou : « Être à l’écoute des éleveurs »
Evénement femelles à Fontainebleau.
« On est ravis d’avoir pris l’initiative de délocaliser parce que c’est vrai qu’on organise beaucoup de choses à St-Lô, historiquement d’une part, et d’autre part parce qu’il y a une forte participation des collectivités territoriales qui nous encouragent à venir à St-Lô, en nous aidant à financer nos championnats. Depuis plusieurs années le conseil d’administration nous faisait remarquer que c’était toujours les mêmes qui faisaient les déplacements. Il est clair que d’avoir fait nos championnats de la voie femelle à Fontainebleau, cela a permis de rassembler des gens qui ne seraient pas venus à St-Lô. De plus, la mise à disposition de la carrière par la SHF nous a permis d’organiser un championnat dans de bonnes conditions. Par ailleurs il y a eu pas mal de femelles qui ont été vendues. C’est là notre double objectif : évaluer sur le plan zootechnique et créer un écrin commercial. »
Satisfaction générale du côté des éleveurs ?
« Oui. On a fait des enquêtes de satisfaction après toutes nos qualificatives, après notre championnat des foals au NHS, et après notre championnat de Fontainebleau. Nous avons eu un bon taux de retour des questionnaires, 25% environ, et globalement il en ressort une forte satisfaction à la fois de la part de l’organisation (l ‘atelier d’allures en liberté a été très apprécié à Fontainebleau) et du côté des retombées commerciales. C’est important de tenir compte des remarques des éleveurs ».
Les journées « étalons » à St Lô ?
« Il y avait une participation importante avec un très bon lot de chevaux de 2 ans et de 3 ans dont la qualité a été reconnue par l’ensemble des visiteurs. D’ailleurs il y a eu du commerce. Beaucoup d’étalons avaient été vendus entre les qualificatives et la finale. Donc déjà ça veut dire que ces qualificatives ont permis de repérer les bons chevaux dont une partie a été vendue à Fences notamment. Les gens sont revenus participer au championnat mâles, donc ça c’était quand même très intéressant. Nous avons vu beaucoup de visiteurs étrangers, ce qui prouve que le Selle Français continue à jouir d’une bonne notoriété et que nos efforts de promotion à l’international ne sont pas vains. Cette année on avait un grand stand à Aix-la-Chapelle où on a distribué énormément de guides de la jeune génétique et des vidéos de tous les qualifiés. »
Les 2 ans sont désormais approuvés pour 7 ans.
« Depuis cette année l’approbation est pour sept ans. De ce fait le conseil d’administration a demandé qu’il y ait une véritable exigence de qualité d’où un nombre moins important d’approuvés. C’était difficile de « désapprouver » les chevaux, donc on est partis du principe qu’on les approuverait pour 7 ans mais par contre il fallait un niveau d’exigence plus élevé.
Nous en avons donc 7 d’un bon niveau. Alors comment ça se passe ? Il y a le corps de juges indépendants qui jugent en fonction de grilles et ensuite qui proposent à la commission de stud-book la notation. C’est la commission du stud-book qui détermine en fonction des besoins, les chevaux qui sont approuvés. Il n’est pas exclu que ça puisse évoluer. C’est-à-dire qu’aujourd’hui on se sert du classement du championnat pour approuver mais si le stud-book décide qu’on a besoin par exemple d’un fils ou d’un étalon qui n’est pas trop représenté, alors, quel que soit son classement, il sera quand même approuvé. Cela vaut pour les 2 et 3 ans. A la commission du stud-book, le représentant des juges, qui est le président du corps des juges, a une voix consultative, c’est-à-dire qu’il peut apporter des précisions sur un cheval et donner un point de vue du moment. La commission du stud-book peut demander à revoir une vidéo ou revoir en détail les notes, etc. La commission du stud-book, qui à chaque fois est assistée par un représentant du Ministère de l’Agriculture, détermine les chevaux qui lui semblent intéressants, à la fois en quantité et en qualité ».
Pourquoi un représentant du Ministère ?
« Parce qu’on est toujours sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture. Il n’est pas là pour donner un avis mais pour donner un point de vue règlementaire. Tout ça va changer puisque le statut d’association nationale de race a évolué vers un statut d’organisme de sélection. Le stud-book sera totalement autonome ».
Quelle est la principale ressource du stud-book ?
« Aujourd’hui ce sont les inscriptions des livrets, les adhésions à tous nos collèges, c’est-à-dire les éleveurs, les associations régionales, les étalonniers, tous les groupes qui constituent le stud-book et les engagements à toutes les manifestations qu’on organise. C’est évident que l’argent, s’il ne vient pas des pouvoirs publics, il est donné par les éleveurs. Il y a aussi les subventions du fonds Eperon. On a fortement développé les partenariats commerciaux avec des sociétés qui souhaitent associer leur image à celle du stud-book. On est passés de 0 il y a une dizaine d’années à à peu près 200 000 € aujourd’hui. C’est évidemment quelque chose qu’on souhaite continuer à développer parce que ça permet surtout de travailler sur la partie marketing, promotion de la marque SF ».
Des changements de prévus, dans la philosophie ?
« Non pas de changements fondamentaux. Il faut toujours qu’on soit à l’écoute des remarques qui viennent des éleveurs, parce qu’il faut toujours qu’on soit au plus proche de leurs attentes, il faut qu’on développe des services, c’est ce qu’on fait dans les formations éleveurs, dans les formations des juges, parce que ça permet aux gens, d’abord de rentrer dans un corps des juges, de mieux comprendre ce qu’on attend sur l’évaluation zootechnique. La philosophie reste la même, on va chercher à s’améliorer encore, plus de transparence pour que les gens aient vraiment l’impression que cette évaluation zootechnique est fiable. On informe sur « que sont-ils devenus » tous ces chevaux évalués. C’est important de pouvoir observer les résultats sportifs de ces chevaux-là à 6 ans, 7 ans, 8 ans, 10 ans. Preuve que globalement ils ont été bien évalués ».
Combien de personnes aujourd’hui au stud-book ?
« 7 personnes, 7 salariés, qui sont dévoués corps et âme à leur structure. Franchement ce sont des gens qui travaillent énormément, qui ont le sens de la marque et du service qu’il faut rendre aux éleveurs ».
Network, champion à 2 ans et à 3 ans, c’est exceptionnel non ?
« C’est une bonne logique, je pense que le cheval était attendu un petit peu cette année, surtout sous la selle. On savait que c’était un cheval avec un beau look, un bon tissu, de l’expression, de l’équilibre, de la perméabilité, de l’élasticité, on attendait quand même quelque chose d’important, c’était la force, c’était de voir, d’évaluer s’il avait sous la selle les qualités qu’on pressentait l’année dernière. Le cheval a confirmé et s’est très bien exprimé sous la selle, avec une bonne technique, une bonne gestuelle donc voilà. Cette année il y avait 10 chevaux qui pouvaient être premiers. Les notes sont sorties comme ça, ce n’est pas après à nous à « bidouiller » les notes, ou faire en sorte de faire gagner l’un plus qu’un autre. C’est le corps des juges indépendants qui a sorti ces notes-là. C’est indiscutable ».
La relève, c’est le compagnonnage ?
« On a besoin de rajeunir les cadres en permanence. Il y a de jeunes compagnons, on fait beaucoup aussi de formations avec les Young breeders pour l’apprentissage du jugement, l’apprentissage pour la présentation. Ce qu’on essaie de faire aussi c’est d’aller chercher des compétences reconnues et ça c’est le travail des experts qui viennent nous aider pour l’évaluation et puis il nous faut des gens qui aient le respect de la déontologie, des gens qui jugent en leur âme et conscience. Un jugement humain reste toujours subjectif, c’est pour ça qu’on sépare les juges à l’obstacle, peut-être faudrait-il faire deux postes de jugement de modèle et faire la moyenne de ces deux postes. Tout peut évoluer. La philosophie est de continuer dans ce sens-là et d’évoluer vers quelque chose d’encore plus juste ».
Propos recueillis par ER
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