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Tom Carlile : « Mon plus beau titre ? champion de France Pro Élite »

  • Thomas Carlile/Upsilon (© ER)
    Thomas Carlile/Upsilon (© ER)
Tom Carlile est depuis quelques saisons un cavalier incontournable du Complet français. Installé dans sa structure familiale du sud-ouest pendant plusieurs années, il a décidé de poser ses valises en Anjou. Nous l’avons rencontré lors d’un stage qu’il dispensait dans le sud-ouest proche de Bordeaux, dans la structure du complétiste

Tom Carlile est depuis quelques saisons un cavalier incontournable du Complet français. Installé dans sa structure familiale du sud-ouest pendant plusieurs années, il a décidé de poser ses valises en Anjou. Nous l’avons rencontré lors d’un stage qu’il dispensait dans le sud-ouest proche de Bordeaux, dans la structure du complétiste Romain Ferré et de sa compagne Julie Laporte, cavalière d’obstacle « J’aime la façon dont Tom transmet les choses. Il s’inscrit dans la continuité de ce que je souhaite apporter à mes élèves dans l’enseignement. Le courant passe bien et chaque fois nous avons beaucoup de demandes. », confie Romain, le maître des lieux installé dans un ancien haras de Pur-Sang. « Nous sommes installés ici depuis plus de 5 ans et nous avons fait quelques aménagements en construisant deux carrières, un rond de longe et une carrière de dressage. Nous sommes principalement une écurie de propriétaires et de concours. »


LC : Tom, vous venez d’effectuer une saison 2015 hors norme avec une victoire dans le Grand National de CCE en équipe avec Nicolas Touzaint, vous êtes vice-champion de France et du monde des 7 ans avec Upsilon, médaillé de bronze par équipe à Blair Castle aux Championnats d’ Europe, et champion de France Pro Élite. Quel bilan tirez-vous de cette saison 2015 ?


Tom Carlile : « Cette saison 2015 était un peu charnière pour moi. J’ai déménagé du sud-ouest pour aller m’installer en Anjou, proche du Lion d’Angers car c’est une région beaucoup plus dynamique pour le complet. Il y a eu beaucoup d’éléments un peu nouveau dans ma vie professionnelle : changement de région, changement de calendrier de concours, nouvelle installation, nouvelle équipe. J’ai dû m’adapter. Mon effectif de chevaux a augmenté puisque j’ai dix chevaux de plus que dans mon écurie précédente. C’est toute une gestion qui a évolué et qui se doit d’évoluer encore. Je suis très content du bilan. Les chevaux ont été en superbe forme et les résultats sont là. Le titre de champion de France 1re catégorie (Pro Élite) est mon plus beau titre de la saison. La fédération n’a pas beaucoup communiqué dessus donc ça enlève un peu de valeur au titre, mais il reste quand même ce qu’il est. Pour ma première participation en championnat avec l’équipe de France, nous remportons une médaille donc ça gomme la déception de l’année d’avant où Quiro Hoy (L’Arc de Triomphe x Jalisco B) s’était blessé pendant la préparation pour les Mondiaux. Suite à cette performance, on a qualifié l’équipe de France pour les Jeux Olympiques, et maintenant on prend les chevaux au travail d’hiver pour préparer la nouvelle saison donc je suis très satisfait. Dans mon entourage, les propriétaires m’ont l’air plutôt contents également, les résultats suivent, les chevaux sont en bonne santé donc quand les chevaux vont bien, nous aussi on se porte bien. J’apprécie beaucoup le soutien que j’ai eu aussi de la part du staff fédéral Thierry Touzaint, Michel Asseray, et Serge Cornut qui m’a beaucoup encadré au quotidien ».


LC : Pouvez-vous faire un point sur votre piquet de chevaux ?


« Quiro Hoy va redémarrer gentiment le Grand National et les 3* au printemps. L’idée est d’arriver à le qualifier pour les JO afin qu’il vienne épauler Sirocco.
Sirocco du Gers (Dorsay x Jalienny) est, je pense, le meilleur cheval français indicé sous selle française encore une fois cette année. Il est tout jeune (9 ans ) et a encore une marge de progression assez importante dans les trois tests. Ca reste encore un très jeune cheval malgré son palmarès et je pense que d’ici 2-3 ans il sera vraiment optimum. De là à savoir si il sera prêt pour les Jeux, c’est un peu tôt pour le dire mais je pense qu’il devrait pouvoir le faire et je pense aussi connaître les ingrédients pour le mettre sélectionnable. La France aura une très belle équipe à présenter à Rio et une médaille est à notre portée.


Derrière j’ai le phénomène Upsilon (Canturo x Fusain du Defey) qui est en avance sur sa génération. Il a fait une excellente saison. Il a couru deux internationaux 2 : il gagne Jardy devant un lot de très bons chevaux d’âge (95 partants au départ) en se mettant en tête dès le dressage et gagne à la fin. J’ai ensuite voulu le mettre en Angleterre, sur une topographie de parcours différente de ce que l’on rencontre en France et il s’est très bien comporté sur les 3 tests qu’il a remportés de bout en bout. Il confirme par une très bonne 2e place au mondial des 7 ans au Lion d’Angers. Je suis très enthousiaste avec ce cheval à gros potentiel. Je compte gentiment l’amener sur le Grand National et les 3* l’année prochaine. Il prend 8 ans et il faut le respecter. Il est tellement en avance et tellement précoce dans sa qualité que j’oublie parfois qu’il n’a que 7 ans.


J’ai également dans mon piquet Gangster Al Maury (Quatar de Plape x Jalienny), le cheval de Renée Laure Koch qui a un parcours un peu particulier puisqu’il a fait du CSO à 4 et 5 ans, du complet chez Christian Weerts à 6 et 7 ans, de l’ endurance à 8 et 9 ans, et revenu au complet à 10 ans. C’est un cheval qui a besoin de se routiner encore au niveau intermédiaire 2*. C’est un gentil cheval qui veut bien faire assez qualiteux. Quand ils ont le mental, ils peuvent surprendre.


J’ai également d’autres chevaux d’âge qui sont rentrés pendant l’hiver et actuellement l’effectif aux écuries s’élève à une trentaine de chevaux, dont 26 qui me sont confiés pour le sport ».







LC : Tout au long de l’année, on vous voit sur le circuit national et international jeunes chevaux, le circuit national (notamment avec le Grand National) et international pour les « vieux chevaux » avec succès. Quelle est votre recette ?


« Tout d’abord, je ne peux pas encore me considérer comme sportif professionnel parce que nous sommes dans un sport qui n’est pas encore assez lucratif. Je me vois comme un cavalier professionnel, entrepreneur d’une écurie de chevaux de sport. J’ai une équipe de 4 salariés : une assistante secrétaire qui m’aide dans la gestion administrative et la logistique qui s’appelle Fabienne, qui est extra, j’ai ma groom qui est aussi mon amie Héva Delpech qui m’aide au quotidien, j’ai deux cavaliers maisons Camille et Stéphane qui vont m’aider à la préparation l’année prochaine des chevaux de 6 et 7 ans. J’ai un piquet de 6 ans (qui prennent 7 ans en janvier) qui est assez garni. En plus de cela, je prépare cette échéance majeure, que sont les Jeux, depuis plusieurs années maintenant. Un objectif est une chose mais ce ne doit pas être au détriment des carrières des autres chevaux. Donc je compte bien continuer de faire évoluer le piquet des jeunes chevaux, parce que nous avons encore de très bon jeunes qui sont arrivés au cours de l’automne. La recette c’est de travailler dur et longtemps. Encore un hiver que je vais passer à travailler, et je ne prendrai pas de vacances. J’ai aussi pas mal de projets à mettre en place, notamment le projet d’investissement en groupe, quelques stages hivernaux à dispenser. On me sollicite pas mal pour ça et c’est un exercice que j’aime de pouvoir partager mon expérience, aller à la rencontre de jeunes motivés, et apporter un peu mon savoir-faire ».




LC : Comment abordez-vous l’hiver ?


« Cet hiver je vais me consacrer aux stages, et au travail pour la saison prochaine. Début janvier on a les stages fédéraux qui recommencent. Deux jours de dressage dans la première quinzaine de janvier et la 3e semaine, stage fédéral à Saumur donc regroupement avec Thierry Touzaint, Thierry Pomel, Serge Cornut et Jean Pierre Blanco. Et mi- février, nous avons à nouveau des stages. La saison va arriver très tôt. Début février les épreuves de rentrée vont commencer en Anjou, puis le Grand National va arriver très tôt. Les chevaux vont courir 4-5 courses avant les Jeux. La sélection va se jouer au printemps. Thierry Touzaint va choisir les couples les plus en forme, et la forme du moment est toujours un de ses critères les plus importants et gage de réussite. C’est donc à moi d’avoir des chevaux prêts, sélectionnables et compétitifs pour aller à Rio et faire une belle performance là-bas ».


LC : Quel est votre avis sur le cross indoor, une discipline à laquelle vous vous êtes déjà essayé à plusieurs reprises ?


« Le cross indoor est une très belle vitrine pour notre sport dans ces événements majeurs du circuit hivernal 5*. Ce sont des événements qui sont très médiatisés, qui s’ouvrent à un très large public néophyte qui y trouve un spectacle très intéressant, et pouvoir amener notre discipline devant ce public-là est un chose importante. Evidemment, le cross indoor en lui-même est une épreuve qui est un peu mi-figue mi-raisin puisque ce n’est pas vraiment du cross. On est plus dans une configuration de concours hippique avec des profils fixes. Les parcours se montent comme une épreuve de vitesse de saut d’obstacle mais avec des chevaux qui savent sauter du fixe, avec les directionnels en plus, les angles et les biais. J’aime bien dire que c’est une épreuve qui s’adapte à des cavaliers de concours hippique sur des chevaux de cross ou l’inverse. C’est une belle vitrine. Je pense que ça va prendre encore 4-5 ans avant qu’on puisse envisager une évolution de cette discipline-là. Entre les différents cross indoor qui s’organisent (Bordeaux, Genève, Hambourg, Saumur pour ne citer qu’eux), on retrouve des barèmes différents : barème A chrono, barème C, etc. On se cherche un peu et la FEI va devoir trancher. C’est le moyen dans ces événements pour aller séduire davantage de sponsors et davantage de clientèle. Il y a un potentiel à développer ».


17/12/2015

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