Un virage annoncé au stud-book SF
Quelles réflexions après les journées de St Lô ?
« Je suis assez satisfait dans l’ensemble puisque l’on a sorti deux beaux champions. Dans les 2 ans donc un fils de Network qui est aujourd’hui le meilleur pur-sang producteur de chevaux de steeple-chase et d’obstacles avec une souche maternelle très imprégnée de sang SF, d’Anglo et de Trotteur. C’est exactement les sangs constitutifs du stud-book SF et je pense que c’est bien qu’on ait un fils de pur-sang. C’est très, très difficile de retrouver, aujourd’hui, des pur-sang améliorateurs dans le jumping. Network malheureusement pour nous, c’est une génétique qui est réservée aux chevaux de course. Avoir un fils de Network c’est vraiment une opportunité, une chance pour le stud-book SF. C’est un signe fort du stud-book que d’avoir mis ce cheval-là en tête. On a un très, très beau champion des 3 ans, un fils de Diamant de Sémilly avec une mère Allegreto. sœur utérine de Flipper. Une souche Pignolet donc. On sait à quel point ces gens-là ont sélectionné depuis des générations pour en arriver à ce niveau de performance. Ce champion des 3 ans est à la fois magnifique, moderne, avec de bons tissus, une belle robe et l’aptitude que l’on attend de ces chevaux-là. On est ravi de ces deux champions.
Il y a toujours des choses qui vont moins bien. Les éleveurs ont un peu commenté les distances dans le rond en trouvant que c’était trop court, trop long, trop ceci, que les gens du rond n’étaient pas la hauteur. C’était la même chose pour tout le monde. Je recommande aux gens qui contestent les distances d’aller voir les vidéos des chevaux. Nous ne cherchons pas des chevaux qui vont se faire le championnat des 3 ans de saut en hauteur, ça c’est réservé aux ventes. Nous cherchons des chevaux qui ont le bon mouvement naturel, la bonne attitude naturelle et surtout qui ont la faculté de se plier à l’intérieur des distances. Dorénavant on fera paraître dans la note technique les distances exactes et précises de notre dispositif. Nous serons à l’abri des critiques ».
26 étalons agréés, n’est-ce pas beaucoup ?
« Bien sûr que non. Notre règlement nous le permet, on aurait tort de ne pas en profiter, dans ces chevaux-là bien évidemment il y en a 4, 5, 6 qui vont travailler, qui vont faire dès l’année prochaine de la reproduction mais il y en a aussi un certain nombre qui vont être vendus à l’étranger et l’agrément permet de commercialiser, on est là quand même pour favoriser la commercialisation ».
Va-t-on, au regard de ce qui s’est produit cette année, supprimer l’agrément à 2 ans ?
« Non je ne pense pas. Je pense qu’il faut continuer à agréer des jeunes à 2 ans. En revanche, ce qui est embêtant c’est de le leur supprimer à 3 ans. Si on leur donne l’agrément, eh bien on leur donnera pour 7 ans de telle façon à pouvoir voir leur descendance, comme on fait pour les 3 ans. De toutes les façons les éleveurs ne sont pas idiots, si le cheval à 2 ans fait une vraie démonstration, présente des belles aptitudes et que les éleveurs se servent de cette génétique et qu’à 4, 5 ou 6 ans le cheval ne confirme pas, ils n’iront plus à ce cheval-là. On n’a pas intérêt à trop réglementer là-dessus ».
Sur ce qu’on a vu à Lyon ?
« Un très bon dispositif, des chevaux qui sont plutôt bien présentés dans l’ensemble, une catégorie d’éleveurs-présentateurs plutôt dans la catégorie amateurs éclairés et qui sont contents de venir aux championnats. Moi j’ai trouvé une bonne ambiance. Notre champion, un fils de Popstar Lozonais, a démontré beaucoup d’élasticité, beaucoup de propulsion et des sauts en liberté et sous la selle vraiment très réussis. On a mis en avant une aptitude sportive et d’utilisation, c’est le but de ces concours de 3 ans ».
Au niveau du commerce ?
A Saint-Lô, il y a eu pas mal de commerce, il y avait aussi de belles offres sur les étalons, notamment dans les premiers. A Lyon j’ai entendu dire aussi qu’il y avait des commerces qui s’étaient réalisés, sur le championnat et lors des ventes de l’Asecra.
Donc ça veut dire que malgré tout lorsqu’on a des chevaux qui correspondent à la demande on les vend. C’est à nous, éleveurs, de produire ces chevaux-là, à nous le stud-book de donner les bons outils pour choisir aux mieux les reproducteurs et pour produire effectivement les chevaux que l’on va vendre, pour faire du sport, du sport qui fait plaisir aux gens qui achètent ces chevaux-là. Voilà la clé de notre réussite ».
Sur la fin de France-haras ?
« C’est une grande satisfaction de voir que les chevaux vont rester sur le territoire. C’était vraiment ce qui avait motivé notre action auprès de nos élus. Le stud-book ne pouvait pas s’impliquer dans la gestion de ces étalons, d’abord parce que ce n’est pas son métier. On a développé depuis une vingtaine d’années en France un étalonnage privé qui est très performant. Ce n’était pas le rôle du stud-book de se mettre en concurrence avec ses adhérents aussi puisqu’il ne faut pas oublier qu’on a à peu près 85 étalonniers qui sont adhérents au stud-book français au collège des associations. On ne va pas faire le métier de nos adhérents, en plus on n’a pas les moyens ni humains, ni financiers de se risquer dans une aventure pareille. Les positions défendues par Michel Guiot et Denis Hubert étaient tout à fait en adéquation avec ce que le stud-book défendait, c’est-à-dire que les étalons puissent être répartis sur le territoire, puissent avoir de la mobilité ».
Le chantier qui sera mis en route dans l’élevage ?
« Le gros chantier c’est le virage que le stud-book doit prendre dans les 18 mois à venir. C’est une réflexion collégiale que l’on doit avoir avec les administrateurs, les acteurs de la filière. On a décidé de réfléchir sur plein de choses. Les décisions que l’on va prendre aujourd’hui auront une répercussion pour dans 10 ans à venir. On va se donner du temps pour réfléchir au virage que doit prendre le stud-book pour être de plus en plus compétitif, de plus en plus au service de ses adhérents, de plus en plus apte à produire les chevaux que nos clients attendent et bien communiquer là-dessus de façon que les éleveurs s’approprient notre projet. On va les associer à toutes ces réflexions. On veut développer le selle-français dans le concours complet, dans le dressage. On veut avoir une réflexion sur la transformation de notre production, on veut y associer évidemment les cavaliers, notamment les gens de l’ACSOF qui ont déjà eu des réflexions là-dessus, on veut associer les propriétaires, les investisseurs, les partenaires, ceux qui achètent les chevaux pour savoir quels sont les critères qui déclenchent leur achat. On va faire un boulot de fond à partir de cet hiver.
On veut travailler aussi sur la TVA, parce qu’on considère qu’elle n’est pas adaptée à notre production. On a essayé de défendre une TVA agricole dont apparemment Bruxelles ne veut pas entendre parler. On a d’autres pistes avec le cheval sportif, le cheval sur le plan éducatif ».
Avec la SHF ?
« Ça se passe très bien, la SHF a bien compris qu’elle était là pour réunir les efforts de chacun et l’on voit que sur le stand filières qu’on a sur les salons, que ça se passe très bien. La SHF a très bien compris aussi qu’il fallait qu’elle respecte les particularités de chacun et les envies de chacun. Il n’est pas question de parler de baronnie, ni de privilèges acquis. Un stud-book ça a un objectif sociétal, zootechnique et de marketing. Il faut que l’on remplisse nos objectifs ».
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