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« Santiago ! » (Episode 3) Maurice Tabac

Chacun souffre parce qu’il penseLe froid me réveille mais le mal, toujours là, m’inquiète. Remuer le genou, o.k. ! La cheville, o.k. ! Les doigts de pieds, o.k. ! Sortir de l’eau au plus vite ! Où sont les chevaux
? Je les cherche du regard et je vois Loug à mes côtés. Lasco, lui, est absent. Mais j’entends des bruits de branches cassées et je le vois arriver. Il a trouvé un passage sans se mouiller les pieds, en respectant le matériel. Bravo !

J’essaye de remonter mais la douleur est trop vive ! Je ne peux continuer qu’à pied et en clopinant.

Nuit à TALLERMES SAINT GEMMES, au club hippique. Une grande partie de mes étapes françaises se fait de club en club et mon périple à cheval provoque la curiosité parmi les cavaliers.

La semaine suivante est facile. Je suis toujours accueilli par des gens sympathiques avec qui nous partageons le repas du soir et je n’ai pas encore monté ma tente. On me propose souvent divers couchages, caravane, box, étable, garage, club-house, cabane au fond du jardin, mais toujours avec un minimum de confort ! Je n’essuie aucun refus.

Alors, lorsque l’on me parle de l’individualisme cela me fait rire. Au contraire, les gens recherchent le dialogue et sont très curieux de mon voyage. C’est ainsi, d’ailleurs, que je fais une conférence à un groupe de randonneurs et que je recommence le lendemain matin, avant de partir, pour les absents de la veille! Résultat départ à 15h!

Je sens arriver NANTES, les premiers vignobles et je décide de passer la Loire à COUÉRON par le bac (ma phobie des villes ne s’arrange pas !). Alors que je l’attends, un homme m’accoste. Nous discutons, puis vient la question fatidique :

- Vous allez où ? Vous passez de l’autre coté ? Faites attention, y sont cons là-bas ! 

Le bac se passe sans problèmes, les chevaux sont supers. Arrivés de l’autre coté, un autre monsieur vient à ma rencontre :

- Vous venez du nord ? Ca n’a pas été trop dur ? Y sont cons là-haut ! »

A croire que les insurrections vendéenes ne sont pas encore pardonnées !

Au sud de Nantes, l’architecture change, finis le granit et l’ardoise, remplacés par le ton ocre et les tuiles rouges des maisons.

L’allure s’accélère ! Lasco a enfin compris que la journée ne s’arrête pas à quatorze heures. Bien que rien ne nous presse, il est agréable d’avoir fini l’étape vers 17h sans pour autant partir aux aurores. A présent je maîtrise le bâtage. Les sacoches, sans les peser, sont équilibrées et le sanglage est bon. Mes chevaux n’ont pas perdu d’état, par contre ils se sont transformés. Les boules de muscles ont remplacé la graisse et dans les allures il y a moins de précipitation et plus d’amplitude. Le ferrage reste correct et peut encore tenir une semaine, soit 600 kms.

15/04/2010

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