« Santiago ! » (Episode 9) Maurice Tabac
Résumé : Maurice Tabac, parti du Haras de St Lô en Normandie, entreprend le pèlerinage de St Jacques de Compostelle à cheval : deux chevaux l'accompagnent, Loug, un hongre de dix ans, gris de race barbe, et Lasco, un poney Français de selle, bai,
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pottock x arabe. Le pèlerinage lui prendra 3 mois. La frontière espagnole traversée, il découvre d'autres problèmes. Il arrive dans la province de Leon.
Mancillas De Las Mulas, je me rue sur la coopérative agricole où je peux acheter 25 kg d'avoine. Il était temps, j'étais à sec et la ration de ce matin a été maigrelette. L'on commence à subir une publicité agressive à l'entrée des villages avec albergue. Quelque fois trois ou quatre hommes-sandwich vous proposent le meilleur hôtel ou meilleur restaurant ou autres spécialités. Et je ne vous parle pas des pancartes signalant les estaminets. Ce soir mes amis ont droit à un enclos à moutons sans herbe ni eau. Alors avec mon seau pliant de huit litres je fais moult voyage. La blessure de Lasco s'est reformée, pourtant aujourd'hui il n'y avait pas de dénivelé et il était peu chargé. Je ne comprends pas. Massage, pommade et je fais un trou dans le tapis de selle pour laisser la plaie au soleil. J'en ai marre de ce chemin depuis huit jours, de la plaine, du soleil et pas d'arbres, pas de chemin creux comme dans le bocage, et cette nationale 171 que nous suivons par intermittence.
Leon c'est demain j'en tremble déjà
Nuit sonore, pleine de ronflements. Je pourrais établir une échelle, genre échelle de Richter du ronfleur. Le pire, c'est le nasillard syncopé. Celui qui laisse à penser que son émetteur se meurt, puis ressuscite après quelques seconde d'apnée puis agonise avant de renaître. Alors imaginez, une chambrée de cent personnes dont 30 % font ces vocalises ! Dès qu'un, en changeant de position s'arrête, aussitôt pour combler le manque un autre attaque. Impossible de dormir dans ces conditions alors à la pointe du jour je saute du lit et à 7 h nous sommes en route.
L'agglomération de Leon est longue de plusieurs kilomètres dans un paysage désertique avec une végétation pauvre et desséchée. Puis les entrepôts, les usines, les ateliers, les décharges et les cimetières de voitures. Tout est moche. Plus j'approche de la ville plus la circulation est monstrueuse. Le centre ville est joli, avec de belles rues piétonnes étroites et fleuries dont le sol est en granit poli, « piétonnes elles sont les rues, pas équines ». Glissades après glissades nous arrivons sur le parvis de la cathédrale, nommée la chapelle sixtine de l'art roman, XIIe siècle. A peine le temps de souffler qu'une gendarmette m'interpelle, et me demande de ne plus bouger. Elle m'indique un arrêt d'autobus où je dois attendre parmi la circulation. N'étant pas de cet avis je prends mes compagnons et nous partons. Ah !!! Pas bien loin. Je ne fais pas cent mètre que j'entends la sirène de la police qui aussitôt m'entoure et me questionne. A grand renfort de parole et de moulinets de bras, je comprends qu'ils veulent que je monte à cheval et en avant. Une moto tous phares allumés sirène hurlantes ouvre la route puis une autre derrière pour la fermer, ils me sortent de la ville puis disparaissent. Dans ces conditions je n'ai rien vu ou presque de la ville. Ronchon, je décide de m'arrêter à Viren Del Camino et là c'est le pompon. L'aubergiste m'accueille gentiment, me dit que pour les chevaux il n'y a pas de problème et tamponne mon credencial avec un grand sourire. Je décharge, range mon matériel dans le local à vélo et cette dame m'emmène à l'endroit où les chevaux doivent passés la nuit. L'horreur. Un dessous d'escalier de trois mètres de large entre deux immeubles, encombrés de poubelles, bas de plafond pas d'anneaux et pas de porte. Devant mon indignation la dame me fait comprendre que je suis bien délicat, pourquoi pas un box paillé avec de l'eau et du foin. Je suis démoralisé. 1 700 km pour ça j'ai honte et j'ai mal pour les chevaux. Je consulte la carte prochaine étape 23 km, impossible. Avant de les emprisonner, je vais les faire paître sur la pelouse entre les immeubles, et là une vieille dame, puis un monsieur depuis une fenêtre m'informe qu'il ont appelés la guardia civil (prohibido los caballos). Je suis fatigué physiquement mais aussi psychologiquement. Je fais ce voyage un siècle trop tard. Nettoyé, mais surtout sortir les poubelles, clore cet endroit avec deux palettes et les longes des licol. Et faire une prière. Jusqu'à 22 h je suis allé leur rendre visite et ne pouvant dormir à 5 h ils avaient mangé et nous sommes partis.
Au premier coin d'herbe nous nous sommes arrêtés pendant 3h. Cette situation est intérressante, habituellement je pars dans les derniers, mais là assis dans l'herbe, Loug à la longe et Lasco en liberté, je vois passer le gros de la troupe, « buen camino ! Buen camino ! Etc... » beaucoup de monde nous connaît et là, je comprends que tous les jours c'est une ville qui marche. Je comprends aussi autre chose. Une allemande que je double vers 13 h régulièrement, est toujours arrivée à l'albergue avant moi. Lorsque j'arrive elle est douchée, changée et sirote une bière sans qu'elle ne m'est redoubler. Je lui pose donc la question, ben moi je ne marche que le matin et j'appelle un taxi. « Mais on est nombreux à faire ça » voilà pourquoi une myriade de taxi, de camping-car, de bus sillonnent cet itinéraire.
La traversée d'Astorga est facile. Cette ville possède trois beaux monuments, les remparts, la cathédrale et le palais épiscopal. Un petit encas et le ventre plein nous sommes repartis joyeux vers Hospital De Orbigo que nous atteignons vite fait et là non plus pas de chevaux. Oh, je ne cherche même plus à discuter, je repars et m'arrête dans le premier endroit possible. J'ai du grain et nous sommes au bord du canal je dormirai donc cette nuit à la belle étoile.
La nuit s'est bien passée et de bonne heure nous étions en chemin. Si tout se passe comme je le souhaite nous prendrons deux jours de congé après cet étape. En sortant d'Hospital le chemin est toujours plat et sans intérêt sur une dizaine de kilomètres, puis arrive un léger dénivelé et enfin un chemin herbeux loin de la Carretera (route nationale). Nous pouvons trotter, les chevaux sont contents et s'en donnent à coeur joie. Oh ! Oh ! Doucement les gars, je suis obligé de ralentir pour doubler les pélerins et souvent un de mes deux acolytes s'arrête pour pisser, alors les pèlerins me redoublent en faisant attention où ils marchent, puis je les redouble et dans leur regard je perçois une lueur de colère. A cheval, on n'appartient pas au monde des pèlerins.
Santa Catalina De Samoza
Un trou, un pueblo genre western où l'aubergiste une forte femme m'accepte avec mes chevaux qu'elle met dans joli petit enclos avec un robinet. Une fois tout rangé, je lui commande un café et un biscuit, en tout 7,50 ?. Je m'inquiète donc du prix de la nuit, 7 ?, elle a signé une charte. J'apprendrai par la suite que cet endroit est le plus cher du camino, ce n'est donc pas là que je vais rester deux jours. Ici se termine la Castille pour le Bierzo (province de Galice). Cette étape commence mal, le ciel est chargé et le vent souffle fort. Avant de partir j'enfile un pull et je remets ma veste. Nous montons à la Cruz De Ferro (la croix de fer) à 1 500 m où chaque pèlerin dépose une pierre de son pays. Il fait froid, le pourcentage de dénivelé est prononcé, marchant à pied devant eux les chevaux me poussent du nez et je maudis l'herbe à nico qui me fait ahaner.
(Episode 10 : plus que ?100 km avant Santiago).
Mancillas De Las Mulas, je me rue sur la coopérative agricole où je peux acheter 25 kg d'avoine. Il était temps, j'étais à sec et la ration de ce matin a été maigrelette. L'on commence à subir une publicité agressive à l'entrée des villages avec albergue. Quelque fois trois ou quatre hommes-sandwich vous proposent le meilleur hôtel ou meilleur restaurant ou autres spécialités. Et je ne vous parle pas des pancartes signalant les estaminets. Ce soir mes amis ont droit à un enclos à moutons sans herbe ni eau. Alors avec mon seau pliant de huit litres je fais moult voyage. La blessure de Lasco s'est reformée, pourtant aujourd'hui il n'y avait pas de dénivelé et il était peu chargé. Je ne comprends pas. Massage, pommade et je fais un trou dans le tapis de selle pour laisser la plaie au soleil. J'en ai marre de ce chemin depuis huit jours, de la plaine, du soleil et pas d'arbres, pas de chemin creux comme dans le bocage, et cette nationale 171 que nous suivons par intermittence.
Leon c'est demain j'en tremble déjà
Nuit sonore, pleine de ronflements. Je pourrais établir une échelle, genre échelle de Richter du ronfleur. Le pire, c'est le nasillard syncopé. Celui qui laisse à penser que son émetteur se meurt, puis ressuscite après quelques seconde d'apnée puis agonise avant de renaître. Alors imaginez, une chambrée de cent personnes dont 30 % font ces vocalises ! Dès qu'un, en changeant de position s'arrête, aussitôt pour combler le manque un autre attaque. Impossible de dormir dans ces conditions alors à la pointe du jour je saute du lit et à 7 h nous sommes en route.
L'agglomération de Leon est longue de plusieurs kilomètres dans un paysage désertique avec une végétation pauvre et desséchée. Puis les entrepôts, les usines, les ateliers, les décharges et les cimetières de voitures. Tout est moche. Plus j'approche de la ville plus la circulation est monstrueuse. Le centre ville est joli, avec de belles rues piétonnes étroites et fleuries dont le sol est en granit poli, « piétonnes elles sont les rues, pas équines ». Glissades après glissades nous arrivons sur le parvis de la cathédrale, nommée la chapelle sixtine de l'art roman, XIIe siècle. A peine le temps de souffler qu'une gendarmette m'interpelle, et me demande de ne plus bouger. Elle m'indique un arrêt d'autobus où je dois attendre parmi la circulation. N'étant pas de cet avis je prends mes compagnons et nous partons. Ah !!! Pas bien loin. Je ne fais pas cent mètre que j'entends la sirène de la police qui aussitôt m'entoure et me questionne. A grand renfort de parole et de moulinets de bras, je comprends qu'ils veulent que je monte à cheval et en avant. Une moto tous phares allumés sirène hurlantes ouvre la route puis une autre derrière pour la fermer, ils me sortent de la ville puis disparaissent. Dans ces conditions je n'ai rien vu ou presque de la ville. Ronchon, je décide de m'arrêter à Viren Del Camino et là c'est le pompon. L'aubergiste m'accueille gentiment, me dit que pour les chevaux il n'y a pas de problème et tamponne mon credencial avec un grand sourire. Je décharge, range mon matériel dans le local à vélo et cette dame m'emmène à l'endroit où les chevaux doivent passés la nuit. L'horreur. Un dessous d'escalier de trois mètres de large entre deux immeubles, encombrés de poubelles, bas de plafond pas d'anneaux et pas de porte. Devant mon indignation la dame me fait comprendre que je suis bien délicat, pourquoi pas un box paillé avec de l'eau et du foin. Je suis démoralisé. 1 700 km pour ça j'ai honte et j'ai mal pour les chevaux. Je consulte la carte prochaine étape 23 km, impossible. Avant de les emprisonner, je vais les faire paître sur la pelouse entre les immeubles, et là une vieille dame, puis un monsieur depuis une fenêtre m'informe qu'il ont appelés la guardia civil (prohibido los caballos). Je suis fatigué physiquement mais aussi psychologiquement. Je fais ce voyage un siècle trop tard. Nettoyé, mais surtout sortir les poubelles, clore cet endroit avec deux palettes et les longes des licol. Et faire une prière. Jusqu'à 22 h je suis allé leur rendre visite et ne pouvant dormir à 5 h ils avaient mangé et nous sommes partis.
Au premier coin d'herbe nous nous sommes arrêtés pendant 3h. Cette situation est intérressante, habituellement je pars dans les derniers, mais là assis dans l'herbe, Loug à la longe et Lasco en liberté, je vois passer le gros de la troupe, « buen camino ! Buen camino ! Etc... » beaucoup de monde nous connaît et là, je comprends que tous les jours c'est une ville qui marche. Je comprends aussi autre chose. Une allemande que je double vers 13 h régulièrement, est toujours arrivée à l'albergue avant moi. Lorsque j'arrive elle est douchée, changée et sirote une bière sans qu'elle ne m'est redoubler. Je lui pose donc la question, ben moi je ne marche que le matin et j'appelle un taxi. « Mais on est nombreux à faire ça » voilà pourquoi une myriade de taxi, de camping-car, de bus sillonnent cet itinéraire.
La traversée d'Astorga est facile. Cette ville possède trois beaux monuments, les remparts, la cathédrale et le palais épiscopal. Un petit encas et le ventre plein nous sommes repartis joyeux vers Hospital De Orbigo que nous atteignons vite fait et là non plus pas de chevaux. Oh, je ne cherche même plus à discuter, je repars et m'arrête dans le premier endroit possible. J'ai du grain et nous sommes au bord du canal je dormirai donc cette nuit à la belle étoile.
La nuit s'est bien passée et de bonne heure nous étions en chemin. Si tout se passe comme je le souhaite nous prendrons deux jours de congé après cet étape. En sortant d'Hospital le chemin est toujours plat et sans intérêt sur une dizaine de kilomètres, puis arrive un léger dénivelé et enfin un chemin herbeux loin de la Carretera (route nationale). Nous pouvons trotter, les chevaux sont contents et s'en donnent à coeur joie. Oh ! Oh ! Doucement les gars, je suis obligé de ralentir pour doubler les pélerins et souvent un de mes deux acolytes s'arrête pour pisser, alors les pèlerins me redoublent en faisant attention où ils marchent, puis je les redouble et dans leur regard je perçois une lueur de colère. A cheval, on n'appartient pas au monde des pèlerins.
Santa Catalina De Samoza
Un trou, un pueblo genre western où l'aubergiste une forte femme m'accepte avec mes chevaux qu'elle met dans joli petit enclos avec un robinet. Une fois tout rangé, je lui commande un café et un biscuit, en tout 7,50 ?. Je m'inquiète donc du prix de la nuit, 7 ?, elle a signé une charte. J'apprendrai par la suite que cet endroit est le plus cher du camino, ce n'est donc pas là que je vais rester deux jours. Ici se termine la Castille pour le Bierzo (province de Galice). Cette étape commence mal, le ciel est chargé et le vent souffle fort. Avant de partir j'enfile un pull et je remets ma veste. Nous montons à la Cruz De Ferro (la croix de fer) à 1 500 m où chaque pèlerin dépose une pierre de son pays. Il fait froid, le pourcentage de dénivelé est prononcé, marchant à pied devant eux les chevaux me poussent du nez et je maudis l'herbe à nico qui me fait ahaner.
(Episode 10 : plus que ?100 km avant Santiago).
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