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7 février : une journée particulière au Pin

Certes, les conditions climatiques ne s’y prêtent pas; une fine neige sur sol glacé, un vent froid, voilà qui en décourage certains. Cependant le public n’a pas manqué pour cette présentation d’étalons qui renoue avec la tradition du Haras Photo 1 sur 3
du Pin; c’est d’ailleurs un émouvant spectacle de conte de Fées que le Haras du Pin sous la neige...

La journée était chargée puisqu’elle rassemblait plusieurs événements : la présentation d’étalons, la présentation de la nouvelle acquisition des Haras et de l’ADEP, Bleu Blanc Rouge, la remise de plaques honorant les adhérents dont les produits ou produits d’étalons figuraient aux JO de Pékin; l’Assemblée Générale de l’ADEP.

Tôt le matin

Plus d’une vingtaine d’étalons figuraient à cette présentation. Des jeunes, certains déjà connus, comme Rissoa d’Ag, fils du regretté Quincy, appartenant à Rodolphe Bonnet; d’autres moins connus comme le plaisant Riva Noé de La Treille, qui montre son intelligence de la barre; d’autres plus âgés, comme le très bien né Johnny Boy par Dollar du Mûrier et la célèbre Quina des Bruyères; ou Nérios du Banco, musculeux, doté d’une belle tête, finaliste à Lanaken à 5 et 7 ans; le sérieux Orsone l’Enchanté par Diamant de Sémilly; et Hornet Rose : quel bonheur d’entendre Jean Delannoy évoquer sa souche maternelle : sa mère l’internationale Gold Rose qui, vainqueur des GP de Paris et de Lisbonne, participa aux JO et fut le meilleur produit d’Ibrahim;un sourire aux lèvres, Jean Delannoy remonte à la 3e mère Ravissante, née en 1939 et même à Brindille, la 4e mère; quant à Hornet, il n’aurait jamais touché une barre !

Aart Alberts, naisseur de Jumpy des Fontaines qui figurait aux JO de Pékin, avait amené Oscar des Fontaines, ?« Il sera aux prochains JO ! » Pourquoi pas ? Finaliste ?à Lanaken, souvent 1er à 6 ans, Oscar en prend le ?chemin.

On vit encore Dandy du Plapé HN, et le bel Hurlevent de Brekka HN : tous deux désormais bien connus. Et le fils de Quick Star, Quality Touch, qui a hérité de l’énergie et du magnétisme de son père, et qui recueille déjà les suffrages de nombreux éleveurs, nous dit son découvreur, M. Le Courtois.

On ne saurait les citer tous.

11h 30 - Présentation de Bleu Blanc Rouge : un drapeau pour les Haras et l’ADEP

Le projet était de promouvoir le SF par l’achat d’un étalon de pure souche anglo-normande du type Hornet Rose, confirmé par ses performances et sa descendance. L’achat à part égale du Haras du Pin et de l’ADEP de Bleu Blanc Rouge correspondait à cette intention.

1789 vit naître la cocarde tricolore; 1989 : Fernand Leredde fait naître Bleu Blanc Rouge, fils de Qualisco III (Jalisco B / Giralda B par Night and Day) et de Mine Rouge par Uriel. Belle famille s’il en est et qui a porté haut les couleurs du Haras des Rouges; Papillon Rouge 180; Cincaba Rouge176; Bleu Blanc Rouge, lui-même fort d’un ISO 170, a une production intéressante : Idalpha de Loiselière, Igor des Fontenis, Il Gringo, Julot Trèfle et surtout l’étalon Jalis de Riverland, ISO 172, record des ventes Fences à 3 ans, vainqueur de plusieurs épreuves internationales sous la selle de R-Y Bost.

En présence de François Roche-Bruyn, Directeur Général des Haras Nationaux, de Patrick Mussat, vice-président du Conseil Général de l’Orne, de Franck Lemestre, Directeur Opérationnel du Pin, et de Fernand Leredde, à qui tient tant à cœur l’anglo-normand, Bleu Blanc Rouge entra dans la Cour du Château, revêtu d’une chemise blanche frappée des logos de l’ADEP et des HN.

Le Conseil Général et le Conseil Régional, qui encouragent cet achat raisonnable, ont un avis unanime : l’étalonnage est une fonction essentielle des Haras Nationaux. Monsieur Patrick Mussat, vice président du Conseil insiste : « Que le Pin ne soit pas simplement un Musée ! »

Avis amplement partagé par les éleveurs, soulignait Philippe Martin, Président de l’ADEP. Et la cérémonie qui suivit montre que, autour du Pin, l’Orne est bien une terre de champions.

De l’Orne à Pékin

Au cours d’un sympathique pot au feu, qui rassemblait une centaine de personnes – difficile de trouver une place, mais on s’est serré- deux éleveurs et étalonniers de l’Orne furent récompensés d’une plaque, sobre et belle, commémorant les exploits de leurs produits, exploits qui les ont amenés aux derniers JO ! Aart Alberts, hollandais depuis longtemps installé à Bourg St Léonard, a fait naître Jumpy des Fontaines, fils de Jus de Pomme bwp issu de deux SF Primo des Bruyères et l’excellente poulinière Opaline des Pins; Jumpy participa aux JO de Pékin sous selle chinoise. Bernard–Pierre Le Courtois se vit attribuer deux plaques : l’une bien sûr pour Jaguar Mail, meilleur étalon SF des Jeux; l’autre pour la fille de son étalon Alligator Fontaine : l’exceptionnelle Jalisca Solier.

Et des JO au quotidien de l’élevage

Cependant les inquiétudes concernant l’élevage ne manquent pas. Les petits éleveurs, nous dit Philippe Martin, propriétaires de deux juments en moyenne sont les plus nombreux; ils élèvent par passion. Toutefois cette passion est suicidaire si elle ne s’accompagne pas d’un sens du marché. Il est donc nécessaire que les éleveurs s’organisent pour abaisser les coûts de production; les associations régionales ont un rôle à jouer face aux pouvoirs publics tandis que les Haras Nationaux ont pour vocation d’être au service des éleveurs sans concurrencer les privés. Philippe Martin met ainsi en avant des propositions : par exemple, qu’il convient de supprimer les actes inutiles comme la confirmation à 3 ans rendue superflue par le puçage. Il montre aussi la nécessité de trouver des partenaires.

Monsieur Roche Bruyn insista sur la volonté de l’Etat de passer des Haras Nationaux , service public et puissance tutélaire, à un organisme au service des clients. En 2010, un nouvel établissement issu des HN et de l’ENE manifestera l’ambition politique de constituer une force de frappe pour le développement de la filière.

Accélérer l’innovation et la professionnalisation, gérer les crises sanitaires comme celle à laquelle il a fallu faire face en 2007, soutenir une politique de sport équestre de haut niveau, développer la formation, assurer la conservation de la diversité raciale, tout en améliorant la génétique, contribuer à l’image internationale, tels sont les buts. Ambitieux ? Paradoxe en cette période de crise, la filière est en plein développement, et crée des emplois, à raison de 2% par an ! C’est un potentiel encore insuffisamment développé.

16 h - Assemblée Générale de l’ADEP

Une centaine de convives au repas, une centaine d’assistants à l’Assemblée Générale; Philippe Martin rappelle les objectifs de l’ADEP : garantir l’indépendance de l’association, assurer son autonomie financière, rassembler les éleveurs de toutes races. Il avertit que les subventions sont en voie de disparition comme c’est déjà le cas en Haute Normandie et affirme la nécessité pour les éleveurs et leurs associations de se prendre en charge. Ainsi l’ambition de distribuer un catalogue par le biais de l’Eperon nécessite de trouver des sponsors qui en assureront les frais, évalués à?16 000 €. L’achat de Bleu Blanc Rouge montre l’engagement de l’ADEP en relation avec des organismes tels que les Haras Nationaux. M. Grenier, commissaire aux comptes, confirme que malgré la diminution des subventions du Conseil Général, entraînée par le départ des JSF, ainsi que des autres subventions en provenance d’organismes d’Etat, la structure financière de l’ADEP est très saine. Selon Philippe Martin, cette diminution est une « bénédiction » puisqu’elle obligera les éleveurs français à travailler comme les éleveurs des autres pays européens, par exemple en construisant des partenariats et des groupements d’achat.

Le rapport moral et le rapport financier ayant été approuvés, se déroula le vote à bulletin secret pour nommer deux administrateurs. A 91 % des votants, Philippe Martin fut réélu et Gonzague Barrier élu.

Enfin, deux interventions méritaient l’attention : la première de Gonzague Barrier exhortait à ne jamais laisser partir un acheteur sans un cheval, fut-ce celui d’un autre éleveur, en s’appuyant sur l’Association; 160 adhérents constituant un stock de chevaux suffisant. Ainsi (comme dans d’autres pays) on supprime les intermédiaires et on donne une image de marque. La deuxième intervention provenait d’Otmar Beyer de Bégaux, allemand installé en France, (la Normandie a décidément bien des charmes pour de nombreux éleveurs venus d’ailleurs). M. Beyer de Bégaux a évoqué les stud-books allemands, particulièrement le stud-book holsteiner, sujet qui mériterait d’être repris, médité et discuté au cours d’une autre réunion.

Une journée bien pleine, achevée par un moment très attendu : le tirage au sort de saillies d’étalons.

M. B.-L.

12/02/2009

Actualités régionales