Complet : une grande part de Normandie dans la médaille d'or allemande
Vingt-sept ans, l'âge de Sandra Auffarth. Vingt-sept ans seulement et déjà un palmarès à faire pâlir les plus grands. Championne olympique par équipe et troisième en individuel à Londres, championne d'Europe par équipe en titre et vice-championne individuelle, l'Allemande ajoute désormais à sa longue liste de trophées deux sacres mondiaux, un par équipe et un en individuel. Elle devient, par la même occasion, la deuxième femme, après Zara Phillips, à s'imposer dans des Jeux Equestres Mondiaux depuis leur création, en 1990, à Stockholm. Si elle était favorite dans l'esprit de beaucoup, la jeune allemande, deuxième à l'issue du cross, aura pourtant eu fort à faire sur l'hippique, dessiné par le chef de piste des épreuves de saut d'obstacles de ces Mondiaux, Frédéric Cottier. En effet, son dauphin du jour, l'impressionnant Michael Jung, lui avait mis une grosse pression sur les épaules avant son entrée en piste. En signant un tour parfait avec son inexpérimentée Fischerrocana FST, il forçait sa compatriote à faire de même. Mais l'Allemande n'aura pas craqué et aura même, de manière magistrale, signé elle aussi un clear-round sur cet ultime test. C'était alors à son tour de mettre le britannique William Fox-Pitt en situation inconfortable. Dernier à s'élancer et en tête du classement avant cet hippique, le °1 mondial n'avait en effet pas le droit à une barre s'il voulait décrocher son premier grand titre individuel. Malheureusement pour lui, une faute dès le numéro 2 avec Chilli Morning, anéantira toutes ses chances et le fera reculer à la troisième place, derrière les deux Allemands (54,3 points). Une aubaine pour Sandra Auffarth, qui avec un total de 52 points tout rond, devient la « reine du monde », pour ses tous premiers Mondiaux, avec son génial Opgun Louvo. Et, pour la belle histoire, ce Selle Français de douze ans se sera presque imposé « à domicile » puisqu'il est né ici en Normandie, à quelques kilomètres de Caen, chez Yves Berlioz. Inutile de préciser que la victoire a été fêtée au village, sur l'espace de Cheval Normandie. Il y avait de l'émotion et de la joie dans le camp normand autour d'Alain Hinard grâce à qui le cheval fut vendu à 3 ans (personne n'en voulait, se plait-il à rapporter), de Denis Hubert, Charles-Henri Blin, Yvon Chauvin, Pascal Cadiou et une foule d'amis.
Du côté du championnat par équipe, et à contrario de l'individuel, il y a eu peu de suspense pour la première place puisque l'Allemagne, annoncée grande gagnante à Caen par tous les pronostiqueurs, s'impose facilement. La Mannschaft, qui aura dominé cette compétition de bout en bout (1ère après le dressage et 1ère après le cross), s'offre même le luxe de voir ses quatre représentants, les deux médaillés du jour ainsi qu'Ingrid Klimke et Dirk Schrade, sortir du stade d'Ornano sans une barre au sol. Avec un total de 177,9 points, soit son score d'après le cross, l'Allemagne se positionne, comme il y a quatre ans à Lexington, sur le toit du monde et confirme qu'elle sera encore très difficile à battre l'année prochaine, chez elle, à Aix-la-Chapelle, pour les Europe. La Grande-Bretagne, représentée par la médaille de bronze individuelle William Fox-Pitt, associée à Zara Philipps et Kristina Cook, et endeuillée par la mort hier du cheval de son quatrième membre, Harry Meade, termine elle deuxième (198,8 points). L'unique « vraie » surprise de ce podium par équipe est à mettre au crédit des Pays-Bas. Cinquièmes hier, les Néerlandais ont en effet bénéficié des contre-performances australiennes sur l'hippique pour faire un bond au général et s'emparer du bronze.
La France, elle, repart de Normandie avec la « pire » des breloques : la médaille en chocolat. Un résultat cruel pour des Bleus, si encourageants après le dressage mais qui auront loupé le coche sur le cross et sur le saut d'obstacles (12 points pour Pascal Leroy/Minos de Petra, 8 points pour Cédric Lyard/Cadeau du Roi et Jean Teulère/Matelot du Grand Val, sans-faute pour Maxime Livio/Qalao des Mers). Pourtant, les Français y auront cru jusqu'au bout à cette récompense par équipe. Michel Asseray, Directeur Technique National adjoint en charge du complet, confiait ainsi en fin de journée : « Nous sommes vraiment très déçus aujourd'hui et un peu tristes. Nous y croyions beaucoup hier soir. Les chevaux étaient parfaits à la visite vétérinaire ce matin et nous savions aussi que les chevaux australiens n'étaient pas d'excellents sauteurs. Mais il fallait faire des sans-fautes et nous n'en avons fait qu'un seul. Je pense qu'une ou deux barres en trop nous côutent cette troisième place. C'est le sport... Seule la performance de Maxime couvre un peu notre déception ce soir. » Car en effet, si les tricolores peuvent être déçus pour l'équipe, ils peuvent cependant se réjouir de la performance de la nouvelle « star » du concours complet français, de la révélation à haut niveau de ces Mondiaux de Caen : Maxime Livio. Impérial sur les barres, avec un Qalao des Mers particulièrement frais et bondissant, le benjamin des Vestes Bleues s'est offert une cinquième place individuelle, devant un public déchaîné Une satisfaction donc en individuel mais une autre satisfaction en équipe aussi. Avec sa quatrième place, la France obtient sa qualification pour les Jeux Olympiques de Rio. De quoi lui donner de l'air pour les prochains championnats continentaux de 2015. De quoi lui permettre surtout de continuer à préparer sereinement la reconstruction d'une sélection performante sur les grandes échéances. Autre belle performance, celle de Rodolphe Scherrer/Makara de Montiege, sans-faute sur l'hippique. Une grande émotion s'est emparée de Rodolphe à sa sortie de piste.
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