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Lessay au temps de la parade des Platière

  • Cétoile, Sisi, Métoile, Toile,Apoline, Dany, Grandeur et Fétiche (© Jean Bougie)
    Cétoile, Sisi, Métoile, Toile,Apoline, Dany, Grandeur et Fétiche (© Jean Bougie)
Nous sommes à la fin du XXe siècle. Les concours de poulinières de sport revêtent encore un caractère éminemment cérémonial. La présence du Directeur du Haras national de Saint-Lô, à l’époque le regretté Guy Bideault, apportait une plus-value officielle qui, s’il en était besoin, confortait la suprématie de l’élevage manchois.

Au cœur d’un terroir d’excellence 

Les éleveurs de cet antre du Cotentin sont nombreux à avoir marqué l’histoire. À commencer par Emile Ozouf. Boucher à La Haye du Puits, il promenait avec flegme sa stature de gentleman anglais avec une fine moustache à la Clark Gable. Parallèlement à son activité, il entretenait quelques poulinières dont Bribahim Grimeux. Saillie par Un Prince, elle donna naissance à Galant de la Cour. Performant sous la selle de Philippe Rozier, il fut l’un des premiers étalons à mener de front une carrière sportive et de reproducteur. Cet étalon figure dans les annales comme le géniteur du premier poulain né du transfert d’embryon.  

Marcel Maunoury à Saint-Germain sur Sèves a laissé son empreinte dans cette fin de siècle. Ainsi en 1997, de sa jument Riquita du Mont il enregistra, à Fontainebleau, deux « Elite ». L’un avec Fedor de Sèves (Narcos II) 4e du Championnat des 4 ans et Emeraude de Sèves (Jalisco B) 4e du Championnat des 5 ans.  

Voisins de Gilbert Leforestier, les Leconte ont marqué, encore très récemment l’excellence de l’élevage. Dester de la Lande, un hongre par Benroy, enrichissait le palmarès international de l’Aquitain Bernard Sainsardos. Cyrius de la Lande, étalon national avait lancé la carrière du jeune Antoine Courpied. Plus près de nous, Pierre Leconte récemment disparu aura eu le bonheur de voir évoluer au niveau mondial quatre de ses produits : Manon, Norway, Marquis et Valmy, tous de la Lande. La Lande qui dans son appellation complète se nomme la Lande Pourrie. Pas tant que ça ! 

Jean Bougie

PENDANT DES ANNEES, LA PRESENTATION DES POULINIERES DE L’ELEVAGE PLATIERE A ETE L’ATTRACTION DU CONCOURS DE LESSAY. MIS EN SCENE PAR LE PATRON GILBERT LEFORESTIER, ELLE ETAIT REHAUSSEE PAR LA PRESENCE DU PATRIARCHE JEAN POTTIER


La Lande de Lessay

« La lande de Lessay est une des plus considérables de cette portion de la Normandie qu’on appelle la presqu’île du Cotentin. Pays de culture, de vallées fertiles, d’herbages verdoyants, de rivières poissonneuses, le Cotentin, cette Tempé de la France, cette terre grasse et remuée, a pourtant, comme la Bretagne, sa voisine, la pauvresse aux genêts, de ces parties stériles et nues où l’homme passe et où rien ne vient, sinon une herbe rare et quelques bruyères bientôt desséchées. Ces lacunes de culture, ces places vides de végétation, ces terres chauves pour ainsi dire, forment d’ordinaire un frappant contraste avec les terrains qui les environnent. Elles sont à ces pays cultivés des oasis arides, comme il y a dans les sables du désert des oasis de verdure. Elles jettent dans ces paysages frais, riants et féconds, de soudaines interruptions de mélancolie, des airs soucieux, des aspects sévères. Elles les ombrent d’une estompe plus noire... ». 

Personne mieux que l’écrivain Jules Barbey d’Aurevilly dans son roman « l’Ensorcelée » ne pouvait décrire ce qu’est la Lande de Lessay. 

Une foire plusieurs fois centenaire 

Car millénaire, elle ne l’est pas. C’est en effet en 1056, voire plus tard que l’on rapporte la création de la foire Sainte Croix. Peu importe, aujourd’hui, elle est le deuxième week-end de septembre le lieu vers lequel pendant 4 jours plus de 350 000 animaux convergent. Bovins, chevaux, poules, matériel agricole, tout y est. Sans compter et c’est pour cela que les gens y viennent, les tentes où amis et familles se retrouvent pour partager l’agneau grillé, la teurgoule, le tout arrosé de cidre. 

La Grande parade 

Gilbert Leforestier est intarissable à propos de cet évènement qui constituait pour lui comme pour la communauté équestre manchoise l’endroit où il fallait être allé au moins une fois. Si les autres rassemblements estivaux des reproductrices suitées revêtait également un vif intérêt à Saint-James par exemple avec les élevages Morel et Fardin, ils n’avaient pas le même retentissement. 

Gilbert le savait et il s’employait à en faire un spectacle. Ainsi, toutes les poulinières et les poulains portaient un licol blanc propre à cette occasion. En coulisse, dès le matin, très tôt, les habitués fondaient sur La Platière où chacun avait sa tâche : « Il fallait natter toutes les poulinières, faire les pieds. Vincent Férey, Denis Letan, Géraldine Potier, Vendéenne, agent du Haras de Saint-Lô et son Homonyme Jean avec qui elle n’a aucun lien de parenté constituaient le gros de l’équipe. Sans oublier, notre ami vétérinaire Hubert Avenel. On partait avec 3 camions » relate Gilbert. 

Sur place, au milieu du foirail de La Lande où en septembre a lieu la Sainte-Croix, le jury détaillait poulinières et poulains. Les rappels, sous l’œil attentif du Directeur du Haras national de Saint-Lô, mettaient en valeur les meilleurs. Parfois, au cours de cet examen ultime certains chevaux gagnaient ou perdaient des places, ceci ne manquant pas de susciter des commentaires. 

Au retour, en début d’après-midi, il est inutile de préciser qu’un repas généreux, car chez Leforestier hommes et chevaux sont bien nourris, rassemblait cette troupe. 

Sur la photo ci-dessus qui date de plus de 20 ans, (1998 ou 1999), sans faillir, Gilbert a énoncé les noms des 8 poulinières qui constituaient le cheptel régulier de La Platière. 

24/02/2021

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