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Regard candide sur le Salon des étalons de Saint-Lô

Salon des étalons 23-24 février Le Salon des étalons de sport à Saint-Lô - troisième édition cette année grâce aux Haras nationaux et au Pôle hippique de Saint-Lô - prend son rythme de croisière et devient un rendez-vous incontournable pour les professionnels ainsi que Photo 1 sur 3
pour les ‘‘éleveurs amateurs’’.

Comme dans tout salon, certains viennent découvrir les nouveautés prometteuses, d’autres les stars du moment, d’autres encore les mythes que sont Le Tot de Semilly, Diamant de Semilly, Quick Star... et beaucoup le tout à la fois. Ajoutons le plaisir de se retrouver entre passionnés au cours de cette première grande manifestation et le plaisir d’un vrai show, avec une mise en scène visuelle et musicale qui ménageait de forts moments d’émotion, comme l’apparition de Champion du Lys. Tout s’est parfaitement déroulé, sur un rythme soutenu, sans un moment d’attente ou d’ennui.

Le meilleur du sang français

L’un des sujets de tension et de réflexion est la présence en nombre important (un tiers) des étalons étrangers. Le monde a changé, et il serait vain de nager à contre courant d’un torrent. Et qui regretterait la présence d’un Poor Boy, d’un Berlin, d’un Tinka’s Boy, ou celle du KWPN Sandreo (Sandro Hit) labellisé dressage, magnifique modèle fait en pur sang, élégant comme une gravure anglaise ?

Les étalonniers étrangers n’ont pas hésité naguère à introduire chez eux le meilleur du sang français. Et aujourd’hui encore, ils apprécient les qualités de nos chevaux. Or ceux qui figuraient ici sont tous agréés SF et beaucoup sont issus de sang français : Quite Easy est un fils de Quidam, Quality Touch un fils de Quick Star, Zandor Z un fils de Zeus (dont il n’existe guère de produits en France !).

Pourquoi ne pas améliorer le ‘‘bout de devant’’ et les allures des chevaux français en ayant recours à leurs étalons ? Tout en prenant garde bien sûr de conserver un pré carré d’excellentes juments indemnes de sang étranger, et peut-être, à l’instar de certains stud-books d’outre-Rhin, les meilleurs étalons pour ces juments d’exception, afin de conserver les qualités propres au SF, à travers un vivier auquel on pourrait revenir régulièrement, évitant ainsi le ‘‘formatage’’. En prenant garde aussi de ne pas servir de testeurs pour de jeunes étalons étrangers alors que s’offre tout un éventail de jeunes SF ou AA de qualité, dont plus de 25 figuraient au catalogue de ce salon pour leur première année de monte. Ainsi - impossible de les citer tous - Koro d’Or (ISO 177) fut soutenu par l’enthousiasme sympathique et justifié d’Albert Lebrun. Ce fils d’Elf d’Or n’est pas seulement un beau modèle de SF : il figure en bonne place dans le Top 100 mondial.

Un choix difficile

Beaucoup de chevaux ont en effet été présentés, et certains ont pu trouver ces défilés indigestes : comment s’y retrouver ? comment choisir ?

En fait, la plupart des éleveurs ne viennent pas pour voir la totalité de ces 135 chevaux : ils ont déjà quelques idées et ils veulent vérifier la pertinence de leurs choix. La présence de produits y contribue. Ainsi a-t-on pu voir plusieurs étalons en même temps que leur père, à l’instar de Lagon de l’Abbaye, Newton de Kreisker, Nouba a Batilly, Ondeo de Pilière, fils de Diamant de Sémilly; Olympique Libellule, fils de Jarnac; Quartz du Chanu, Quool du Bois Margot, Quinoto Bois Margot, fils de L’Arc de Triomphe (fils qui figurent tous dans le top 5 des meilleures notes à l’obstacle du concours étalons de 3 ans). On a même vu le père, le fils et le petit-fils : si l’on a éprouvé un moment d’intense émotion à voir l’immense petit champion Quick Star ?(1,59 m), manifestant une énergie juvénile en dépit de ses 26 ans, on a aussi pu vérifier à quel point il transmet ce magnétisme qui le caractérise, avec son fils Quality Touch et le fils de celui-ci, Quartz Adheilheid.

Pour contribuer à l’exercice de ce choix difficile, le catalogue sobre, sans clinquant coûteux, fourmille de renseignements précieux, contenant les nombreuses informations traditionnelles et indispensables sur les apparentés (un réel progrès a été effectué à propos des mères étrangères, mais pas toutes), les performances, le statut ostéo-articulaire et les conseils de croisement de l’éleveur.

On s’arrêtera sur les données complémentaires, éléments d’appréciation intéressants : compte tenu des renseignements qu’il est actuellement possible de se procurer, ces données ne portent que sur la France, ce qui limite malheureusement leur intérêt. On aimerait aussi connaître le taux de fertilité.

Enfin, il ne serait pas inutile de vérifier la taille de quelques chevaux. L’indication du catalogue a été corrigée au micro à propos d’Othello de Falaise, jeune cheval qui a pris quelques centimètres dans le catalogue. Certains autres paraissaient plus petits ou plus grands que la taille indiquée, ce qui n’échappe pas à un œil averti mais risque de fausser le choix des propriétaires amateurs qui veulent un poulain de leur jument. Il est du reste inutile aujourd’hui de grandir un étalon petit; et les étrangers ne s’y trompent pas, qui recherchent les poulains de Flipper d’Elle.

En somme, ces deux journées ont été agréablement instructives, d’où l’on ressort avec un ou plusieurs contrats en poche. Le stand du Haras du Bois Margot (L’Arc de Triomphe bien sûr), celui du Haras de Hus (Gastronom, en video, monté depuis peu par Kevin Staut) connurent une grande fréquentation, comme les plus anciens à l’instar du Haras des M (Quick Star) et du Haras de Brullemail (Quality Touch), ou plus anciens encore, à l’instar du Haras de Couvains, dont le Diamant est auréolé du succès de son fils Diarado, champion des étalons du Holstein !

D’ici à l’édition 2009, c’est avec la plus grande attention que nous suivrons les jeunes étalons sur les terrains de concours.

Madeleine Legrand Bertiaux

15/03/2008

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