Vestes orange en Or, Vestes bleues en argent

« C'est un chaudron ardent ! » Pénélope est encore sous le coup de l'émotion au sortir du parcours qu'elle vient de vivre avec sa Flora de Mariposa. Il faut dire que c'est un stade d'Ornano bouillant qui a accueilli les 10 équipes qualifiées pour la finale. Parmi elles, deux grandes absentes, la Belgique et la Suisse, qui jouaient la qualification individuelle de leurs meilleures cartouches : Steve Guerdat et Grégory Wathelet qui réussiront leur mission du jour en se qualifiant parmi les 30 meilleurs cavaliers pour la finale individuelle.
Au moment de s'élancer en piste, le parcours de Frédéric Cottier était certes plus gros mais semblait moins difficile techniquement que les précédents. Il n'en était rien, d'autant que le chef de piste l'a dit lui-même « j'ai construit un parcours fluide où il fallait absolument être sans-faute pour avoir une médaille. La pression et l'enjeu des médailles sont des facteurs d'influence majeurs dans cette épreuve. La tension psychologique devient alors une difficulté technique. » En effet, la diagonale oxer et triple, le double d'oxers Rolex contre les tribunes et surtout le temps imparti de 80''auront fait sérieusement leur job. Au départ de l'épreuve 5 équipes pouvaient prétendre au podium, en tête les Pays-Bas avec 4,83 points puis les USA avec 8,72 points et l'Allemagne avec 8,82 points faisaient aussi figure de favoris. Juste derrière en embuscade, l'équipe de France avec 10,08 points pouvait tout changer. Très peu de couples auront réussi le sans-faute. Et pourtant il en fallait sachant que seuls les trois meilleurs scores seraient comptabilisés et ajoutés aux scores de la première manche.
Simon Delestre parti en ouvreur réalise un beau parcours à 4 points, alors que Christian Ahlmann parti en numéro 1 avec Codex One réalise le sans-faute attendu. L'ouvreur des USA, l'expérimenté Mc Lain Ward et Jeroem Dubbeldam pour les Pays-Bas fautent, respectivement pénalisés de 4 et 5 points, obligeant leurs coéquipiers à limiter les fautes. Lorsque Pénélope Leprévost entre en piste, le public exulte. Et il semble bien que le « chaudron ardent » donne des ailes à la fille de For Pleasure. Rapide, elle impressionne par sa réactivité tout comme la cavalière normande impressionne par son sang-froid. Deuxième round et d'énormes surprises, en premier lieu les quatre points du maestro Marcus Ehning, de Kent Farrington et de Maikel Van der Vleuten. A ce moment là, tout est possible. Kévin Staut s'élance en troisième. Il caresse l'encolure de son sensible Rêveur de Hurtebise et part à l'attaque. Le tracé est précis, la détermination sans faille. Le numéro 5 mondial accroche enfin son premier sans-faute depuis le début de la compétition. La France sera la seule à signer deux sans-fautes. Daniel Deusser, Lucy Davis faisant chacun une barre. Jur Vierling et son Bubalu pour les Pays-Bas remettent quant à eux l'or autour du cou de son équipe avec leur sans-faute. Dernier tours pistes avant le verdict. Patrice Delaveau, l'homme fort des ces Jeux peinera un peu à enclencher la belle mécanique de l'étalon du Haras des Coudrettes, mais après sa faute sur le 3, il réalise ensuite une partition parfaite. La France totalise donc 14,08 points. Si l'Allemagne, en l'occurrence le Kaiser Ludger Beerbaum fautait, la France est assurée d'un podium, et ce fut ce scénario. Même avant le passage de Beezie Madden décidément épatante de décontraction, les Pays-Bas était déjà irrattrapables et en or avec 12,83 points. La pilote américaine livre un nouveau sans-faute, l'équipe comptabilise 16, 72 points et accroche le bronze laissant l'Allemagne au pied du podium pour quelques centièmes de points (16,82 ). De l'argent donc au cou des français radieux et un sélectionneur « très fier de son équipe. C'est un grand jour !» Avec les quatre cavaliers de l'équipe concourant désormais en individuel dont deux, Pénélope Léprevost et Patrice Delaveau dans les dix premiers au classement et cette médaille d'argent qui qualifie d'office la France pour prochains JO, cette journée sous le soleil caennais avait tout d'un rêve éveillé.