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Abra Kadabra à Bourg ,


Cinquante engagés, une quinzaine de nations pour une vingtaine de cavaliers français, le combat promettait d’être beau sous le soleil de Rhône-Alpes, pour le Grand Prix de la Ville de Bourg-en-Bresse, doté de 70 000 euros. Il clôturait cinq jours de compétitions de haute teneur, orchestrées avec le professionnalisme et ce supplément d’âme qu’on reconnaît à Alain Landais, Jacques et Martine Robert, Pascal Bouvet et leurs équipes. C’est un cavalier néerlandais qui décroche le Graal, Albert Zoer/Abra Kadabra (Kwpn), devant le cavalier international colombien Dayro Arroyave/Eldorado Van Het Vijverhof (Bwp) et Reynald Angot/Opera des Loges (Sf), meilleurs sans-faute d’un barrage à 14. Reynald Angot sera par ailleurs désigné meilleur cavalier du concours et remporte le challenge Cheval Liberté.
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 , Le Syndicat des éleveurs de chevaux de l’Ain, représenté par son président, Paul Laurent, présenta les cinq foals sélectionnés après divers ateliers pour représenter les plus beaux, lors du CSI4* de Bourg-en-Bresse, juste avant le Grand Prix, pour le prix Bresse Bleu, en la présence de son président, Olivier Voisin, partenaire du concours. Devant une foule impressionnante. Beaucoup de communication pour ces éleveurs.


Le parcours dessiné par Frédéric Cottier est, selon les dires de Raynald Angot, bien monté, jouant du tracé et des virages, raisonnable question cotes (deux verticaux à 160, le reste à 155).


Oui mais… A mi-épreuve, 9 sans-faute se dégagent sur les 25 partants, dont six Français : Olivier Robert, Aymeric de Ponnat, Reynald Angot, Jean-Michel Martinot, Mathieu Billot et Nicolas Delmotte. S’oriente-t-on vers un barrage à plus de vingt ? Cinq autres lauréats clôturent le tour. Quatorze barragistes, c’est beaucoup, et dilue un peu le spectacle. Le barrage n’offrait pas d’option, la difficulté principale consistant en une longue dernière ligne, avec de longues foulées, à côté de la rivière.


Il fallait donc jouer la vitesse. Reynald Angot, troisième à partir, est premier sans-faute en 38’’67. Ni Jean-Michel Martinot (8 pts), ni Mathieu Billot (4 pts), ni Nicolas Delmotte (17 pts) ne feront mieux. L’Argentin José Maria Larocca/Eliot fait tomber une barre. C’est le cavalier colombien Dayro Arroyave/Eldorado Van het Vijverhof qui réussit le sans-faute, et baisse le chrono : 38’’50 ! Albert Zoer lui pique la première place dans la foulée : 38’’41, avec Abra Kadabra. L’Allemand Andreas Kreuzer/Wilane ne peut faire mieux, malgré son sans-faute : 40’’81. Le cavalier australien (la plus grosse représentation des Australiens, au nombre de quatre) James Paterson-Robinson, vainqueur en 2012, qui participa aux JO de Londres, écope de 4 points, comme Julien Mesnil/Perle du Marais et Carlos Lopez/Prince de la Mare, dernier à partir.


Reynald Angot s’est dit satisfait de sa troisième place : « Opéra des Loges (Fétiche du Pas x Double Espoir) retrouve les concours, après sa blessure, seulement depuis ce début de saison. Il faut lui laisser le temps de se remettre. » Opéra est décidément son cheval de tête, il vient de le confirmer aujourd’hui. Le propriétaire, Jean-Pierre Bendinelli, est ravi. La suite ? « Franconville 4* dans quinze jours, Fontainebleau 4* dans trois semaines. »


Le deuxième est peu connu en France. Pourtant il a un palmarès impressionnant : 2e au CSI2* de Kapelle, 5e au CSI3* de Maubeuge, 3e du CSI4* de Mons (Bel), 11e du GP Hermès à Paris, il accumule les podiums à Mechelen, Strazeele, Kapellen, Bonheiden. Il est 8e au GP5* de Barcelone, avec un seul cheval, Eldorado. Le colombien Dayro Arroyave a débuté comme jockey professionnel en Colombie, avant de s’orienter CSO. Eldorado Van het Vijverhof est un étalon BWP de 10 ans, fils de Thunder Van de Zuuthoeve, qu’il monte depuis 3 ans : « C’est un cheval qui a des gros moyens, il évolue très bien. C’est un plaisir de le monter ». La propriétaire, Mme Demartin, a un large sourire. Marcel Delestre également, sélectionneur de l’équipe colombienne. Il y aura sans doute une équipe aux JEM.


Albert Zoer participait pour la deuxième fois au CSI de Bourg. Abra Kadabra, son étalon KWPN de 9 ans, est fils de Vancouver par Calvados, il a acquis l’étalon très jeune, l’année de ses 4 ans. Il estime qu’il est son meilleur cheval, plus rapide que Gigolo, et lui rappelle Okidoki, qui lui ramena la gloire avant d’être vendu à José Larocca et de disparaître en 2010 (avec qui il fut, en autres, seulement en 2009, 2e par équipe aux JEE de Windsor, vainqueur du CSIW de Las Vegas, du CSI5* de Bordeaux, 3e du CSIO5* de Rotterdam). « Il a la même hargne de gagner ». Trois vrais champions, qu’Alain Landais, président de Bourg Sports Equestres, a eu plaisir à féliciter.


L’Eldorado de Dayro Arroyave


Dayro, à 34 ans, est marié à la blonde Cynthia, cavalière belge née en Espagne. Leurs deux enfants, Céline et Antoine, les accompagnent partout. Ils raffolent du lancer de petites bouteilles d’eau, et Céline ne comprend pas pourquoi son papa, “seulement” deuxième du GP, ne peut pas “repasser son tour”. A l’ombre de la salle de presse, ils jouent comme tous les enfants pendant que maman détend Eldorado au paddock en face. Le parcours de Dayro est peu banal : ancient jockey professionnel, il quitte la Colombie en 2001 pour l’Espagne où il monte des jeunes chevaux pendant deux ans. Il rejoint la Belgique en 2004, où il travaille chez René Van Paesschen, à Wisbecq, près de Bruxelles, éleveur et marchand bien connu (et père du médaillé olympique Stany Van Paesschen), puis aux Ecuries d’Ecaussines de Christophe Ameeuw, qui représente l’un des plus grands commerce de chevaux de sport en Europe. Dayro est indépendant depuis 2009, louant une écurie près de Nivelles. S’il a un petit piquet des chevaux, il se déplace pour monter ses chevaux de propriétaires. Il se dit déjà sélectionné avec Daniel Blumann par Marcel Delestre, sélectionneur de l’équipe colombienne, pour participer aux Jeux Equestres mondiaux.


Jeunes chevaux : succès belgo-français


37 partants pour chacune des épreuves jeunes chevaux, sur des parcours dessinés par Frédéric Cottier, futur chef de piste des Jeux Equestres mondieux en Normandie, le suspense était au rendez-vous et les jeunes futurs champions se sont montrés à la hauteur.


L’épreuve des jeunes chevaux de 6 ans, 130 barème A avec barrage, réunissait 37 partants. Elle a été remportée par Yannick Martin et Upsalla d’Allou, jument BWP fille de Richebourg, première des double sans-faute au barrage en 33’’22. Deuxième, le cavalier allemand Jan Sprehe et Skelton 4, étalon westphalien fils de Stalypso en 33’’66. Troisième, on retrouve la France avec Dorothée Amar et Ulhinn du Phael, jument fille de Cardero*Champs Elysées, qui boucle le tour en 33’’71. Quatre Français se tiennent au coude à coude de la 4e à la 7e place : Guillaume Batillat/Cadillac, étalon westhalien, Pierre-Alain Mortier/Just Do It R (Action Breaker), et Marc Le Berre/Uppsala de Salma, fille de Toulon, pour les double sans-faute. Olivier Robert, victime d’une faute, sera septième, avec Uno Balou de Liam (Balou du Rouet).


Les 7 ans, 135 barème A avec barrage, totalisent 37 partants. Et consacrent un Belge. Sur dix candidats au barrage, c’est Koen Vereecke qui l’emporte en 30’’83 avec Horst Van de Mispelaere, etalon BWP fils de Wandor vd Mispelaere. Deuxième, Aldrick Cheronnet et Tanael des Bonnes, étalon Sf fils de Watch Me Hoy et Pin Up des Bonnes, 30’’87. Troisième Florent Jeannin et Casall de Fuyssieux Z, étalon du Zanghezeide fils de Casall en 32’’01.


Six Barres : duel Mourier/Jobertie


Quelle soirée! De celles dont Bourg Sports Equestres a le secret. Le public a entonné la Marseillaise debout, et acclamé avec frénésie les deux vainqueurs des 25 partants, qui, jouant le jeu jusqu’au bout, ont tenté les 2,10m, même si la barre fatidique, elle, n’a pas joué le jeu. Jean-Luc Mourier, l’enfant du pays, avec Bikhof S Cortez et David Jobertie/Premier de la Vallée ont été “portés” par le public chauffé à blanc par un Yannick Bichon survolté.


L’épreuve des 6 barres, prix du Conseil Général de l’Ain, est une institution à Bourg-en-Bresse, savamment orchestrée par BSE, dont le secret est d’en faire un véritable spectacle, lorsque le soir tombe. Un orchestre donne le rythme, le speaker entretient le suspense et « chauffe » le public, les rayons lasers colorés titillent le ciel. Douze Français au départ : David Jobertie, Jean-Luc Mourier, Yannick Martin, Mathieu Billot, Dorothée Amar, Julien Anquetin, Yohann Mignet, Charles-Henri Ferme, Guillaume Batillat, Reynald Angot, Charlotte Mordasini et Thomas Lévêque. Les cavaliers internationaux étaient nombreux : deux Italiens dont Juan Carlos Garcia, deux Suisses, dont Daniel Etter, un Espagnol Julio Arias, un Soviétique, un cavalier du Liechtenchtein, Nicholas Hochstadter, le Hollandais Albert Zoer, l’Australien James Patterson Robinson, le Britannique Peter Charles, Dominique Hendrickx et Koen Vereecke pour la Belgique, un cavalier jordanien. Du beau monde, qui souligne l’engouement des cavaliers pour l’épreuve des 6 barres, très bien dotée, et véritable sport-spectacle.


Ils ne seront que sept à accéder au troisième barrage, à la hauteur impressionnante de 2,05 m : l’Espagnol Julio Arians, la Britannique, meilleure cavalière du concours, Nicole Pavit, David Jobertie, Jean-Claude Mourier, Mathieu Billot et Yannick Martin, le Suisse Daniel Etter et le cavalier italien Juan Carlos Garcia. Seuls David Jobertie et Jean-Luc Mourier accéderont à la hauteur de 2,10 m. Yannick Bichon entretint le suspense, donnant à penser (alors qu’il n’en n’était rien) que les deux cavaliers hésitaient à jeter l’éponge. Le public scanda avec énergie le prénom des deux héros du jour. Jean-Luc explique le lendemain devant une tasse de café, alors que nous risquons un trait d’humour : « Alors, le champion du monde ? » Jean-Luc sourit : « C’était Presque ça ! Quelle sensation ! Je me sentais littéralement porté, transcendé ! ». David également, derrière Jean-Luc, est encouragé par le public debout, avant le grand silence lors de son passage, lui qui a déjà remporté deux grands prix à Bourg… Mais la barre, trop légère, met un centième de seconde à tomber… Spectacle magnifique, donnant une dimension très émotionnelle en fin de journée, comme l’on aimerait en voir tellement plus sur nos terrains de concours, trop souvent boudés par le public…


Top Foals : Elwood du Biolay


Le vainqueur est Elwood du Biolay, un mâle de six semaines né chez Bertrand Moisonnier à Lent, fils d’Adagio de Talma et Pastourelle du Biolay par Lando. Il a convaincu le jury et obtenu le meilleur score à l’applaudimètre, lors de ses passages devant le public rassemblé.


Son père, Adaghio de Talma, est né en 2010 chez Michel Guiot; il mêle les sangs de Lamm de Fétan et Contender. Champion de France des étalons Sf de 2 ans en 2012, il recut le précieux label « étalon Hosteiner » cette année. La mère, Pastourelle du Biolay, fille de Lando par Cathy du Biolay.


Deuxième, Eldo du Mont. Ce fils de Con Air (Holst) et Melyssa du Mont est né chez André Michon, à Chalamont, le 6 mars 2014. Troisième, Eclipse de Belle Vue, née le 1er mai, fille de Ulhan du Temps et Lune de Bellevue par Dino de Dampierre; elle est née à l’élevage de Daniel Page à Montagnat.


Tous ces petits gestes…


• Michel Robert et Oh d’Eole avaient remporté de magistrale manière le Grand Prix l’an dernier. C’est tout naturellement lui qui fut sollicité pour détailler au public le parcours du Grand Prix.


• Chaque vainqueur voit son nom gravé dans le marbre de la tribune. Comme à La Baule. Michel était bien le vingt-et-unième gagnant, il inaugurait donc une nouvelle pierre. Joli pour l’enfant du pays, non ?


• Le challenge Leclerc récompensait le meilleur cheval, celui de Reynald Angot, Opera des Loges, le hongre de 12 ans est né et appartient à Jean-Pierre Bendinelli, l’éleveur bien connu de Torsac en Poitou-Charentes, qui croisa Fétiche du Pas et Basia des Ores, fille de Double Espoir. Emu, Jean-Pierre, d’être acclamé et recompensé autant que le cavalier.


• Les propriétaires des poulains à l’honneur pouvaient chacun choisir une saillie du GFE. C’est Maloubet de Pléville qu’ a choisi Bertrand Moissonnier : « Il m’a donné un très bon sentiment sous la selle, et j’ai déjà deux poulains de lui, dont je suis ravi ».


« No Smoking Trio Jazz », c’est le nom du trio de musiciens qui égaya de leurs mélodies jazz et électro ces quatre jours, au centre du village des exposants. Marc-Etienne Gery, le batteur, and Co viennent de Bourg, du Jura et de Paris, et cela fait deux ans qu’ils sont ensemble, réunis pour une centaine de dates par an. Le Jumping de Royan fait également appel à eux. Messieurs les organisateurs, n’hésitez pas : ils sont « no smoking ».


• Bertrand Thieblin, jeune cavalier champardennais, venait pour la première fois à Bourg en Bresse. Il a disputé les trois 145, parce Clyde semblait en forme. Mais c’était surestimer ce jeune whesphalien de 9 ans, acheté à quatre ans : « D’habitude il a un jour de repos entre ce type d’épreuves. Il aura droit à un repos bien mérité ». Lui et sa groom et épouse sont heureux : de tels concours leur permettent de se mesurer aux plus grands et de se dépasser.


Moment d’émotion lorsqu’Alain Landais, président de Bourg Sports Equestres, évoqua le décès en début d’année de l’époux de l’ancienne présidente, Françoise Bonnet.


• Bourg en Bresse, ville de l’Ain, région de passionnés, abrite une association bien rodée, de personnalités attachantes autant que professionnelles, qui respecte profondément ses partenaires, et crée une fête pour eux. Le petit supplément d’âme ? L’implication de l’association bien connue Just World International, la démonstration de Handi Equi Compet, et cette énergie d’oser faire du cheval une vraie fête.


Amat GT : Charlotte Peyrard


45 partants se sont élancés sur ce Grand Prix Amateur 1.25 et un tiers de ces cavaliers sortent sans-faute dans la première manche. A l’issue du barrage c’est Charlotte Peyrard qui s’impose sur son cheval Rialto de Tatihou avec un sans-faute en seulement 32’’67. On retrouve sur la deuxième marche du podium Vincent Mourier et Scampano (propriété de Nicole Mordasini et Eva Lundin) avec un sans-faute également mais presque 2 secondes de plus que Charlotte Peyrard. C’est Bryan Obadia qui complète ce podium avec Ramses du Ripel, cheval issu de l’élevage familial.


Classement de l’étape :


1. Charlotte Peyrard/Rialto de Tatihou (0 et 73’’42 / 0 et 32’’97);


2. Vincent Mourier/Scampano (0 et 71’’06 / 0 et 34’’32);


3. Bryan Obadia/Ramses du Ripel (0 et 71’’28 / 0 et 35’’25);


4. Christine Volpi/Nadja de l’Abbaye (0 et 71’’07 / 0 et 36’’35);


5. Nathalie Chevalaz/Naive Nouba du Gué (0 et 73’’28 / 0 et 37’’63);


6. Marie Eugénie Angles/Volonté d’Eve (0 et 70’’18 / 38’’24);


7. Audrey Bizetaiem/Lucky d’Jane (0 et 71’’15 / 4 et 34’’93);


8. Nancy Chevillot/Pepitto des Plaine (0 et 73’’22 / 4 et 35’’20).


Le jeune champardenais Bertrand Thieblin, c’était sa première participation en CSI4*.

13/06/2014

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