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La troisième vie de Bosty

  • Bosty/Myrtille Paulois
    Bosty/Myrtille Paulois
Le champion olympique par équipe de Barbizon, Roger-Yves Bost, qui acquiert à vie ce titre à Rio en 2016, grâce à Sydney Une Prince, la belle alezane de François Badel, aux côtés de Philippe Rozier/Rahotep de Toscane, Pénélope Leprévost/Flora de Mariposa et Kevin Staut/Rêveur de Hurtebise, a connu une année 2018 difficile. 2019 s’ouvre sous de meilleurs auspices : Sangria du Coty revient. Son rêve ? Paris 2024. Il y travaille d’arrache-pied.
 , Lors de l’Etape Coupe du Monde de Cannes, Bosty s’était prêté au jeu de l’interview d’un confrère des Longines et révélé son exceptionnel mental, de gagnant mais pas que...


Enumérer les victoires de ce cavalier hors-pair serait fastidieux. Mais on peut parler des chevaux extraordinaires qu’il a su sublimer et qui l’ont sublimé : entre 1988 et 1993 c’est Norton de Rhuys qui le comble : les victoires des étapes Coupe du Monde de Berlin, Bordeaux (deux fois), Dortmund (De), Göteborg (Suè) entre autres, sans oublier la médaille d’or par équipe aux Jeux équestres mondiaux à Stockholm en Suède.


Souviens-toi III lui offrira la médaille d’argent par équipe et 6e en individuel aux Jeux équestres mondiaux à La Haye aux Pays-Bas, la médaille de bronze par équipe aux championnats d’Europe de Saint-Gall en Suisse, et une 4e place aux JO d’Atlanta.


Airborne Montecillo lui offre la médaille d’argent par équipe aux Jeux équestres mondiaux à Rome en Italie.


Entre 2006 et 2011 ce sera l’extraordinaire Idéal de la Loge, qui accumule les victoires en 5* (Cannes, Bordeaux, Abu Dhabi) et lors des CSIO5* d’Hickstead (Grande-Bretagne) et de la Meydan Nations Cup.


En 2013, il obtient une nouvelle médaille et le titre de champion d’Europe à Herning (DEN) avec Myrtille Paulois, la jument de Lady Forbes. A la retraite de Myrtille, Bosty continue à accumuler les titres internationaux avec trois chevaux hors pair : Qoud’coeur de la Loge-JO/JEM, Pégase du Mûrier-JO/JEM et Sydney Une Prince-JO/JEM.


En 2016, le 17 août à Rio, il est sacré champion olympique par équipe, devant les Etats-Unis et l’Allemagne, avec Sydney, qui ne comptait que dix printemps.


Année noire...


2018 mettra un sérieux frein à cette avalanche de réussite.


Au mois de mars François Badel, le propriétaire de Sydney Une Prince, la fille de Baloubet du Rouet née chez Marius Huchin dans le Nord-Pas-de-Calais, la vend aux Etats-Unis à Katie Dinan.


Sa deuxième jument 5*, Sangria du Coty (Quaprice Bois Margot x Muguet du Manoir), qui s’était illustrée aux championnat d’Europe de Göteborg et à la finale Coupe du monde de Bercy, est blessée lors de la Coupe des nations de Rome en mai 2018. Avant le CSIO 5* de Dublin, en août, pour la dernière étape du circuit Coupe des nations « la décision a été prise de laisser à la jument un temps supplémentaire de repos », avait annoncé la FFE.


Il doit faire une croix sur sa sélection pour les prochains Jeux équestres mondiaux prévus en septembre à Tryon (USA).


En novembre 2018, un autre moment difficile l’attend : l’adieu à deux de ses complices exceptionnels : Qoud’Coeur de la Loge (gagnant à Madrid, Mexico, Lyon, St Lô, 2e à Genève, double SF dans la Coupe des Nations d’Aix La Chapelle,1er à Calgary) et Pégase du Murier (Paris, Rome, Madrid, Aix-La Chapelle, Monaco, CSIO5* Rotterdam et St Gall), qui « partent à la retraite pour se consacrer à leur carrière d’étalon reproducteur, confiée à France Etalons. Pégase part à St Lô et Qoud’Coeur au haras de Meursanges en Bourgogne. »


Mais pas que...


Mais Bosty ne se laisse pas abattre : Lady Forbes lui fait confiance, d’autres jeunes chevaux sont à former. Et comme il le dit lui-même, il n’est bien qu’avec les chevaux et « ne sait faire que ça ». 2018 lui a permis de préparer des jeunes pour l’échéance dont il rêve, les Jeux Olympiques, Paris en 2024. En fin de saison 2018 le 10 ans CastleForbes Vladimir (Vivaldo Vh Costersveld), qu’il forme depuis 2018, termine 5e du Prix du Salon du Cheval, 1,50 m au Longines Masters de Paris ! La jument de 12 ans CastleForbes Talitha (Cardenio) s’illustre dans le Longines Speed Challenge au Longines Masters de Paris.


2019


Tout se passe bien pour Sangria du Coty au CSI2* d’Oliva : elle ne touchera pas une barre. Bosty y est accompagné de son fils Nicolas, qui s’offrira d’ailleurs un beau doublé sur une 1,30 m à barrage, battant 61 couples, 1er avec Sonate de Ravel (Calvaro) et 2e avec Vittorio de St Siméon (Lauterbach).


On forme les chevaux en famille; pour Bosty c’est un nouvel étalon Avocat du Temple (Eurocommerce Berlin), 9 ans, qui effectua de beaux parcours sans-faute, Vino d’Espinet ( Elan de La Cour*HN), 5e double sans-faute d’un GP à 1,45 remporté par Pedro Veniss et Anaya Ste Hermelle, et une nouvelle venue de 8 ans, Bacarole des Baleines (Diamant de Semilly) 8 ans


Démoralisé face aux difficultés de cette saison (2018) ? Pas du tout, il sait où sont ses priorités :
« Pour l’instant ce sont les meilleurs moments de ma vie. Ce sont les meilleures années car j’ai encore mes parents, mes enfants sont là, les petits-enfants arrivent, moi je suis encore dans le top niveau, et après ça peut changer mais pour l’instant je profite. »


Homme de cheval ? Oui, cent fois oui ! Mais pas question d’en tirer le moindre orgueil : « Avant je voulais toujours monter à cheval, toujours, et je voulais faire un métier avec les chevaux mais j’ai monté en concours, j’ai gagné beaucoup étant jeune et j’ai décidé que c’était ma vie, je ne savais faire que ça, que monter, et je ne sais toujours faire que monter. »


Sa carrière ? Il ne s’attarde pas, oui il a vécu de grands moments, mais que de travail derrière...
« J’ai eu plusieurs vies avec les chevaux, j’ai eu ma première vie dans les années 90 et après mes meilleurs moments c’est plus de 2013 à 2016, là j’ai gagné les championnats d’Europe et après les Jeux Olympiques. C’est vrai qu’il y a des moments vraiment forts mais il n’y a pas qu’un moment, il y en a beaucoup beaucoup. Dès qu’on gagne on vit quelque chose de fort, c’est un petit moment court, 1 minute dans la vie. Le plus dur c’est d’arriver jusque là, après descendre, recommencer c’est toujours comme ça, mais c’est bien, c’est passionnant, et on doit profiter du moment parce que sinon une minute après c’est fini. »


Le meilleur cheval de sa vie ?


« J’en ai eu beaucoup des bons mais le meilleur c’est celui que j’ai maintenant, Sangria (du Coty, Ndlr). Bien sûr j’ai eu ma jument olympique qui a gagné la médaille d’or, peut-être la meilleure quand même, le cœur le plus gros, Sydney (Une Prince). Le plus grand cœur parce qu’elle a donné plus que 100 % dans sa vie, elle a donné 150 %, et maintenant ce n’est pas facile pour moi. » (L’émotion monte brutalement).


Son prochain challenge ?


« J’espère 2024, j’aimerais bien aller jusqu’à là, je suis encore jeune (il sourit) mais c’est la vie qui décidera. Mon seul plaisir c’est d’être avec les chevaux toute la journée... »


14/02/2019

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